Nivada F77 : une montre de légende ressuscitée !
Nivada Grenchen renaît de ses cendres depuis la toute fin des années 2010 et en 2023, elle continue sur sa lancée en proposant la réedition d’une montre de son catalogue de l’époque : La Nivada F77.
La marque Nivada est née en 1926, mais elle a bénéficié d’un second souffle bien mérité en 2019, en grande partie grâce à celui qui fait son trou depuis plusieurs années en tant que petit génie du néo-vintage : Guillaume Laidet. En relançant Nivada, le jeune entrepreneur a mis un point d’honneur à proposer des rééditions respectant au maximum les pièces vintages qu’il aime tant. Son constat est simple : Nivada ayant une histoire passionnante et des catalogues de designs remplis de pépites et autres chefs-d’œuvre, il est important de respecter cet héritage pour aller de l’avant, tout en gardant des prix d’appel accessibles et en offrant des rapports qualité prix qui méritent notre intérêt.
Une des premières pièces relancées sous le nom de la marque originaire de Grenchen (Granges en français) fut la Chronomaster Aviator Sea Diver. Cette dernière optait pour un format vintage, des caractéristiques techniques reprenant précisément le fonctionnement de celles de l’époque et des calibres Swiss Made manuels pour la plupart. Des versions automatiques étaient aussi disponibles, mais Guillaume nous a avoué vendre 80% de mouvements manuels. Il s’adresse donc principalement aux puristes et passionnés de vintage qui aiment remonter leurs montres régulièrement et les sentir vivre au poignet. Si vous voulez en savoir plus sur cette histoire, allez voir notre interview passionnante de ce passionné, mais aujourd’hui, on se penche sur la nouvelle venue.
En mars 2023, Nivada réédite une ancienne montre sortie initialement vers 1977 : la F77 et vous allez voir que la notion de respect de l’héritage reste absolument centrale dans le projet tout entier.
Qui était la Nivada F77 de l’époque ?
Au premier coup d’œil, cette Nivada F77 vous fait certainement penser à quelque chose et c’est bien normal. Jusque dans les années 70, les montres en acier étaient considérées comme des tool-watch destinées aux professionnels qui s’en servaient comme de véritables outils. Elles étaient principalement portées par des militaires, des pilotes, des plongeurs, etc. Au fil du temps, l’utilisation des matériaux a évolué et c’est en 1972 que tout a changé pour de bon.
La version originale de cette Nivada remonte à 1977, donc quelques années seulement après cette révolution instiguée par le lancement de la toute première Royal Oak dessinée par Gerald Genta. Cette Audemars Piguet marqua la naissance du sport-chic et était même marketée comme la première montre en acier au monde vendue au prix de celles en or. Rapidement, de nombreuses autres maisons ont emboîté le pas à la marque du Brassus et des pièces plus ou moins inspirées du design de M Gentq ont commencé à voir le jour. Certaines maisons ont même fait appel au même designer, comme ce fut le cas pour Patek Philippe dont la Nautilus, lancée en 1976. Ce dernier collabora avec de nombreuses maisons, mais il apporta surtout sa patte dans le design horloger mondial qui en fut chamboulé à tout jamais. Plus ou moins inconsciemment, de nombreux codes esthétiques, presque inexistants avant l’arrivée de Genta, sont devenus la norme et font aujourd’hui partie du paysage horloger international pour toujours.
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Nivada fait partie des maisons qui décidèrent de s’inspirer de cette vision moderne pour l’époque et de proposer leur propre interprétation de la montre Sport-Chic des 70’s. Pour appuyer le fait que les catalogues de designs de Nivada regorgent d’idées incroyables, Guillaume nous rappelle que la marque avait alors proposé différentes pièces qui reprenaient le nom de voitures emblématiques de l’époque : les Nivada GLX, SP, F2, F76 Mustang et F77 qui furent chacune proposée en différentes versions.
Presque 50 ans plus tard, les montres en acier avec bracelet intégré font encore partie des plus convoitées du marché international. Certaines s’échangent contre des sommes astronomiques, l’exemple le plus extrême à ce jour étant une Nautilus au cadran Blue Tiffany partie à 6,5 millions de dollars aux enchères, soit 120 fois son prix catalogue déjà impressionnant de 52 000 dollars.
En voyant la tendance s’accélérer ces dernières années, les marques plus accessibles ont aussi décidé de faire partie de ce marché. On pourra citer les Maurice Lacroix Aikon ou bien l’énorme carton qu’a pu faire Tissot avec sa PRX Powermatic 80 pour environ 750 €.
Mais revenons à cette Nivada. Début 2022, un collectionneur aurait posté sur les réseaux sociaux des images de sa F77 vintage à cadran noir tressé, un peu mal en point, mais avec un charme intact. Cette montre difficile à trouver et oubliée de tous a ravivé la flamme de nombreux passionnés. Pour Guillaume Laidet, c’est tout de suite venu comme une évidence : il fallait relancer ce modèle qui était en plein dans la tendance du marché actuel !
La F77 rééditée : une petite sœur qui a tout d’une grande
Nivada présente ce lancement comme le début d’un des chapitres les plus importants de son histoire, rien que ça ! En-tout-cas, on se rend tout de suite compte que le désir de respecter l’héritage est toujours bien présent.
En termes de boîtier, il semblerait que contrairement à ce que l’on peut lire sur les sites de nos confrères, le diamètre passe de 38 pour la vintage à 37 mm pour la réédition. (Vous pouvez voir toutes les différences sur notre comparatif Vintage VS Moderne qui sera à venir sur MTC)
À l’œil nu, la réédition est, en effet, un peu plus compacte que la version vintage. Comme on aime à le rappeler depuis le début d’année et pour notre plus grand plaisir, 2022 et 2023 semblent être sous le signe de formats plus raisonnables et cette F77 vient s’inscrire dans cette tendance et appuyer nos dires. Coté épaisseur, on vient aussi réduire un peu en passant de 13 à 11,8 mm pour un meilleur confort au porté. Avec un corne à corne de 45 mm, le tout offre un équilibre excitant, original et puissant, tout en restant doux et élégant.
Le design est lui assez fidèle aux dessins de l’époque et la F77 nouvelle génération joue habillement avec les lignes fortes, les arrondies, les angles et les textures. Elle prouve que les designs de la montre sportive de l’époque étaient avant-gardistes et qu’ils restent bel et bien intemporels, en plus d’offrir une polyvalence rare. Cette belle lunette fixe octogonale aux vis apparentes nous fait instantanément voyager dans le temps et nous transporte dans les ateliers vintages, même si elle est beaucoup plus ronde que la version de 1977. Ses angles sont doux, mais bien présents et appuyés par la présence des vis aux endroits stratégiques apporte un côté à la fois brut et raffiné à cette montre plutôt discrète.
Son cadran rond et texturé, autre aspect très impactant qui faisait partie des signatures de la F77 de l’époque, reprend l’aspect “tressé” si reconnaissable, mais vient se doter d’un rendu “effet carbone” encore plus appuyé. Ce traitement efficace fait rentrer la pièce dans les montres modernes, sans jamais renier les inspirations ni l’héritage de la marque. Sur ce cadran presque hypnotisant, d’épais index en applique viennent s’ajouter pour offrir une lisibilité simple et intuitive. Ils sont joliment facettés et leur rendu poli apporte de beaux reflets sous la lumière. C’est également le cas des aiguilles bâtons qui reprennent elles aussi le style de l’époque.
Le logo et le nom de la marque se retrouvent à 12h. Ils ont tous les deux subit un relooking discret mais réussi, apportant un rendu au croisement du moderne et du vintage.
La couronne à 3 h semble un peu Oversized pour le diamètre de 37 millimètres, mais c’est un choix que je trouve judicieux. Elle vient ajouter au style de la pièce et l’élargie légèrement en lui offrant une asymétrie maîtrisée et cohérente.
Les matériaux sont aussi les mêmes que ceux de l’époque, à savoir de l’acier inoxydable 316L pour le boîtier comme pour le bracelet intégré, point absolument central dans l’identité et l’aura de l’ADN vintage de l’époque ! Pour les finitions, on est principalement sur un aspect acier satiné brossé qui donne une dimension “industrielle chic” à la pièce, mais on retrouve aussi des détails polis ajoutant un peu de complexité et de profondeur au tout.
La boucle déployante, avec son fermoir à doubles boutons-poussoir, est joliment brossée et elle donne un véritable sentiment de qualité, tant à l’œil qu’au toucher.
Le verre de la pièce d’origine était un acrylique abondamment bombé qui ressemblait presque à une boursouflure au-dessus du boîtier dans un style typique de l’époque. Cette nouvelle pièce a gardé l’idée, mais l’acrylique fut remplacé par le saphir, pour le plus grand plaisir de tous les adorateurs du verre inrayable. En revanche, le rendu est bien plus discret, plus fin et plus élégant. Personnellement, j’aurais probablement opté pour un verre acrylique pour rester au plus proche de la montre d’origine, mais ce choix de saphir sera vu par beaucoup comme une amélioration, j’en suis convaincu.
Pour commencer, 4 versions seront proposées : une version avec date et une version sans date. Toutes les deux disponibles avec un cadran bleu ou un cadran noir pour un total de 4 références donc. On a cru comprendre qu’une version saumon allait aussi sortir et si l’on en croit ce que la marque laisse sous-entendre dans les communiqués de presse, ces références ne sont que le début de l’histoire…
En se basant sur leur expérience et sur les demandes des clients, Guillaume et son équipe ont choisi d’équiper ces pièces avec le SOPROD P024, avec ou sans le module de date. Il s’agit d’un calibre Swiss Made à remontage manuel offrant une réserve de marche de 38 heures qui a fait ses preuves chez de nombreuses micro-brands ces dernières années. Le choix de cette option s’explique notamment par la fiabilité reconnue et le rapport qualité prix du mouvement.
Le prix catalogue de ces 4 versions est de 1,390€. Il s’inscrit lui aussi dans la logique de Guillaume qui veut rendre Nivada accessible au plus grand nombre tout en gardant des standards de qualité stricts. Elles furent présentées au monde le 7 mars dernier 2023 et le lancement officiel en précommande était pour le 7 avril. (Toutes les pièces pré-commandées pendant les 77 premières heures étaient numérotées…).
Nivada Grenchen F77 réédition : Notre avis
On en est convaincus, cette Nivada F77 va faire parler. Elle sera probablement taxée d’hommage, mais rappelons bien qu’il s’agit d’une réédition d’un design des années 70s appartenant à Nivada.
Elle est légère, fine, parfaitement équilibrée et très bien finie. Pour du Swiss Made, elle offre un positionnement prix intéressant dans le Sport-Chic accessible.
D’après moi, le bracelet fait clairement partie des atouts de la pièce. Son rendu épuré et travaillé vient habiller la montre et le mariage est vraiment réussi. Je trouve qu’il est difficile de proposer des bracelets intégrés en acier originaux et efficaces, mais Nivada a réussi ce tour de force avec brio.
J’aurai apprécié retrouver un guichet jour-date comme sur la version de 1977, mais Guillaume et son équipe ont opté pour du plus sobre, ce qui se défend également. S’il faut choisir, j’opterai en tout cas pour la version avec date qui fait aussi mieux ressortir sa belle bille de lume à 3h.
Il est parfois compliqué de délimiter l’inspiration de l’hommage ou de la copie, mais on peut se demander si le fait de relancer une montre qui existait au catalogue il y a près de 50 ans n’offre pas une meilleure légitimité…
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Dernière modification de l’article le 02/04/2024
Theo – LeCalibre.com.
“En horlogerie, la complication n’est jamais loin…”
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