Dans le monde de l’horlogerie, il n’existe qu’une poignée de montres qui soient reconnaissables au premier coup d’œil, même par des néophytes du secteur. La Audemars Piguet Royal Oak en fait partie. Il existe aujourd’hui des dizaines de modèles dans la collection Royal Oak, qui reprennent tous, de près ou de loin, les codes du modèle original lancé pour la première fois en 1972. Jetons un œil ensemble à cette pièce inter-générationnelle qui a une place privilégiée dans l’histoire de la marque, et même dans celle de l’horlogerie au sens général.
Sommaire
Un peu d’histoire
Pour comprendre d’où vient la folie qui entoure la Audemars Piguet Royal Oak, il faut donc remonter à 1972. Si on avait dit aux dessinateurs de l’époque que cette Royal Oak deviendrait une icône, et une des montres qui ferait partie des “Must-Have” de tous les collectionneurs sérieux plus de 45 ans plus tard, ils n’y auraient peut-être pas cru. Et pourtant, le model original de 72 est bel et bien aujourd’hui une des pièces d’horlogerie les plus recherchées dans le secteur des montres vintages.
En 1972, comme on le sait tous, le monde horloger est complètement chamboulé en raison du lancement trois ans plus tôt de la première montre à quartz destinée au grand public par la marque japonaise Seiko. L’horlogerie suisse, qui s’est depuis toujours concentré presque exclusivement sur les montres automatiques et sur les mouvements mécaniques, voit ses demandes et ses parts de marché fondre comme du chocolat au soleil. De nombreuses marques de l’époque sombrent, et ferment boutique. D’autres mettent leur production en pause, en espérant renaître de leurs cendres plus tard. D’autres encore, qui avaient les moyens techniques et financiers, s’adaptent et se lancent dans la production de montres à quartz pour rivaliser avec la compétition asiatique. Audemars Piguet, eux, prennent une autre décision, partagée par quelques autres marques aux reins solides : ils tiennent la barre. Ils gardent leur cap, et continuent à faire ce qu’ils font de mieux : des montres automatiques aux mouvements mécaniques.
Cependant, la marque sent bien un désir de renouveau et d’innovation dans le secteur de la haute horlogerie de l’époque, secteur d’habitude plutôt réticent aux grands changements. Pour se différencier et asseoir son image d’avant-gardiste, Audemars Piguet fait appel à un jeune designer horloger du nom de Gérald Genta, et lui demande de créer une pièce d’un genre nouveau, capable de plaire à une jeunesse qui a besoin de changement et de révolte. Gérald se met au travail, et choisi deux axes de nouveauté : premièrement, une forme élégamment octogonale, entre le cadran rond et celui à forme géométrique, qui étaient présents sur le marché de l’époque. Deuxièmement, une montre entièrement en acier inoxydable, dans un marché gouverné par les métaux précieux et les pierres de luxe, mais en gardant un prix de vente élevé, aligné sur les concurrents.
La Royal Oak, en tant que montre audacieuse et qui marque un tournant dans le secteur tout entier, reçu bien évidemment des retours mitigés. Certains professionnels du milieu ont tout de suite crié au génie, tandis que d’autres montraient du doigt ce qu’ils considéraient comme une escroquerie. Les clients, eux, se sont rapidement rué sur le modèle, et la jet-set internationale s’est arraché les quelques pièces disponibles à des prix considérables. La Royal Oak est réellement devenue une référence du luxe horloger contemporain de l’époque, et elle fait partie des montres qui ont permis à Audemars Piguet de rester à flots pendant la crise horlogère, et même à l’horlogerie suisse de continuer à rayonner au niveau international pendant ces temps difficiles.
L’évolution de la Royal Oak
La Royal Oak fut donc un succès commercial presque immédiat, qui se fit ressentir internationalement. Les dirigeants d’Audemars Piguet ont vite compris que ce modèle renfermait un potentiel important pour le futur de la marque. C’est pourquoi ils ont décidé d’insister sur cette montre, et d’en faire une pièce stratégique dans leur politique générale. Des modèles différents voient le jour au fil des années, en gardant toujours les caractéristiques et l’énergie de la montre originale de 1972, mais en osant de plus en plus de liberté, puisqu’après tout, l’esprit rebelle disait partie de l’essence de la Royal Oak depuis ses débuts. De nombreux modèles de Royal Oak sont donc proposés, jusqu’à ce que 20 ans après le premier lancement, Audemars Piguet présente la ligne Royal Oak Offshore, proposant des variantes de la Royal Oak originale typée beaucoup plus sport. La gamme s’associera même avec un grand nom de la voile : le syndicat suisse Alinghi, qui participe à la coupe de l’America, et qui l’a remporté en 2003 à Auckland et en 2007 à Valence. Un partenariat qui a donc participé au maintien de l’image d’excellence de la Audemars Piguet Royal Oak pour un public mondial à la recherche de produits d’exception.
Des caractéristiques importantes
Même après plus de 45 ans d’existence, les différentes versions de cette Royal Oak respectent des caractéristiques communes, notamment au niveau du design. À son lancement, il s’agissait d’une des première montre au monde qui proposait un bracelet et un boîtier conçus harmonieusement ensemble, et qui étaient clairement faits pour aller l’un avec l’autre. Cela a tout de suite donné un aspect de bijoux à la Royal Oak, comme s’il s’agissait d’un bracelet destiné aux hommes qui donnait aussi l’heure, plus qu’une montre qui se portait au poignet. Cet aspect bijoux et cette harmonie parfaite entre le bracelet et le boîtier sont encore très présents sur les Royal Oak d’aujourd’hui.
Évidemment, la forme du boîtier reste elle aussi intacte, même si sa taille peut être amenée à changer sur certains modèles pour différentes raisons, comme le besoin d’un boîtier plus épais pour ajouter une complication spécifique comme une complication de chronographe, ou l’envie de proposer des montres plus fines pour toucher différentes cibles. Cet octogone peut sembler basique au premier regard, mais il respecte des codes et des calculs très précis qui lui donnent cet aspect unique. Gérald Genta était un passionné de bateaux, du monde marin, de plongée, et de tout ce qui s’approchait de près ou de loin de l’océan. Il a très clairement puisé une grande partie de son inspiration pour la création de la Royal Oak dans cet univers marin, et plus précisément dans le design de bateaux de luxe et de hublots.
Les vis que l’on retrouve sur la face de boîtier à chaque angle de l’octogone, et qui font partie intégrante du design significatif de la Royal Oak, se retrouvent sur chacun des modèles de la collection entière. Il est intéressant de remarquer que les pas de ces vis sont tous alignés dans un axe parfait afin qu’ils forment tous un ensemble harmonieux, en une sorte de cercle en points-tillés. D’autres marques qui ont tenté d’utiliser leurs pas de vis comme éléments de design à part entière ont rencontré des problèmes pour les faire correspondre précisément les uns par rapport aux autres. Le secret d’Audemars Piguet pour les Royal Oak ? Les pas de vis visibles sur la face du boîtier sont en réalité des têtes d’écrous. Cette partie est donc fixe, et les vis qui maintiennent le boîtier compact se serrent depuis l’autre côté, le fond du boîtier. Elles sont d’ailleurs visibles en retournant la montre, et vous découvrirez que les pas de vis de ces dernières sont orientés plus aléatoirement…
Les Royal Oak aujourd’hui
Aujourd’hui, Royal Oak est donc devenue une marque de fabrique à part entière, et s’arrachent à des prix records sur le marché gris. La gamme est composée en trois collections : les collections Royal Oak , Royak Oak Concept, et Royal Oak Offshore. Les montres de ces collections représentent la grande majorité des pièces vendues par Audemars Piguet au niveau international. Il en existe des dizaines, et nous allons passer en revue les grandes lignes des trois collections ici pour que vous puissiez vous faire une idée.
Royal Oak
C’est dans cette collection que l’on retrouve les Royal Oak contemporaines les plus proches de l’originale de 1972, mais pas seulement. Tout en gardant une certaine élégance, et en privilégiant l’acier et les métaux plus nobles, certaines de ces montres sont plutôt sobres, alors que d’autres paraissent plus extravagantes et tapes à l’œil. On trouve des complications en tous genres, comme des chronographes, des tourbillons, des extra-plates, des squelettes, des quantième perpétuels, des automatiques, des mouvements à quartz, des diamants, de l’or, des teintes de couleurs inédites, des éditions limitées, et j’en passe.
Royal Oak Offshore
Comme nous l’avons évoqué dans l’article, la collection Royal Oak Offshore se concentre sur des modèles de la Royal Oak plus orientés sport que l’originale de 1972. Vous trouverez ici des Royal Oak “divers” pour la plongée, qui offrent donc des caractéristiques de montres de plongée, mais aussi des Royal Oak chronographes, et même des Royal Oak Diver Chronographes. Cette collection renferme des pièces de couleurs et matières variées, pouvant allier par exemple des bracelets en caoutchouc rose avec des diamants incrustés dans un boîtier en acier. Certaines d’entre elles sont automatiques, d’autres sont à quartz. Vous trouverez des modèles résolument masculins, d’autres unisexes, et d’autres encore clairement identifiables comme féminins. Des complications de tourbillon, mis en scène de façon plus ou moins originales et plus ou moins audacieuses selon les modèles, se retrouve dans de nombreux modèles de la collection. Ici, c’est l’aspect montre de sport qui est mis en avant, tout en gardant une partie de l’esprit classique élégant et rebelle que de Royal Oak représente depuis ses débuts. C’est dans cette collection que l’on trouve les Royal Oak les plus imposantes, avec des boîtiers allant jusqu’à 45 millimètres de diamètre…
Royal Oak Concept
Une Collection encore une fois résolument sportive, utilisant la forme du boîtier et les codes généraux de la Royal Oak, mais en allant chercher des inspirations dans le caoutchouc ou le cuir de couleur pour les bracelets, tout en ayant la folie des grandeurs au niveau des complications et des métaux et pierres précieuses utilisées sur le boîtier et sur le cadran. Ce sont également des montres imposantes, avec certains boîtier mesurant 44 millimètres de diamètres. Cette collection renferme des pièces rares et exceptionnelles, qui vont faire baver de nombreux collectionneurs et amoureux de la marque, et qui ne passeront pas inaperçues.
Le mot de la fin
Vous l’aurez compris, Audemars Piguet base une grande partie de sa stratégie de marque sur la Royal Oak et sur toutes ses déclinaisons. La renommée de la marque du Brassus se base aujourd’hui énormément sur le succès de ce monument de la haute horlogerie et des dizaines de modèles qui portent son nom.
La marque a d’ailleurs présenté plusieurs nouveaux modèles de la Royal Oak au SIHH 2019 ( Salon International de la Haute Horlogerie) à Genève, dont le superbe Audemars Piguet Royal Oak Chronographe en 38 millimètres. Cette taille de boîtier vient s’intercaler entre les boîtiers de 39 millimètres que l’on retrouve sur les Royal Oak “Jumbo”, et les boîtiers des modèles Royal Oak 37 millimètres. Quatre versions de ce modèle ont été dévoilées: deux en acier, et deux en or rose, avec des choix différents au niveau du cadran. Pas de nouveaux mouvements ni de révolution technique ou visuelle, mais ce nouveau chronographe montre encore une fois la volonté de la marque de s’adapter au monde actuel, et de proposer des montres alliant parfaitement la modernité avec les valeurs d’antan.
Audemars Piguet Royal Oak Prix :
Concernant les prix des anciennes collection, les côtes ne cessent de grimper. Nous vous recommandons donc de consulter directement sur les sites spécialisés mais comptez environ 25/30 000 euros. Sachez que à son lancement en 1972 elle était à 3 300 CHF (environ 3000 euros) et que son prix était considéré comme abusif pour une montre en acier.
Pour finir avec le SIHH 2019, Audemars Piguet a également fait sensation en présentant une toute nouvelle famille de montres : la CODE 11.59. Plus qu’une évolution d’anciens modèles, il s’agit là du lancement d’une réelle nouveauté avec de nouveaux mouvements et des designs jamais vus chez AP, annoncée par le président de la marque, François-Henry Bennahmias, comme étant le plus important depuis 1972, donc depuis le lancement de la Royal Oak. Et après avoir lu cet article et avoir donc commencé à assimiler l’importance de la Royal Oak pour ce qu’est la marque aujourd’hui, vous vous rendez certainement compte de la portée d’une telle annonce… Jusqu’ici, la CODE 11.59 a reçu un accueil (très) partagé de la part des médias et des professionnels du milieu, comme sur les réseaux sociaux, mais souvenez vous, n’était-ce pas également le cas pour la Royal Oak en 1972 ? On se donne rdv dans 50 ans voir ce qu’il en sera ?
Dernière modification de l’article le 03/04/2020
Basé entre Paris et la région de Genève, avec des explorations fréquentes à l’international, mon itinéraire professionnel m’a vu évoluer de l’événementiel en Asie et du secteur immobilier français en passant par des sphères variées telles que la formation, la création multimédia et l’intelligence artificielle. Ma curiosité m’a conduit vers l’horlogerie sur le tard. Depuis des années, je suis fier de pouvoir partager les subtilités de ce domaine sur lecalibre.com, média devenu une véritable référence francophone sur le secteur !
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