Été 2018 : Guillaume Laidet, un entrepreneur français ayant fondé William L. 1985, discute avec Rémi Chabrat, le propriétaire du groupe Montrichard. Il apprend que ce dernier est en affaire avec Holzer, un groupe mexicain qui possède la marque Nivada Grenchen…
Guillaume connait bien cette marque iconique et il est persuadé que les mexicains ont un véritable trésor entre les mains. Après quelques négociations, le groupe Holzer décide de collaborer avec les deux hommes, afin de relancer la fabrication des montres Nivada Grenchen. Une histoire relancée…
Sommaire
L’histoire de la marque
On peut lire ici et là, que la fondation de la marque date de 1879. Il semble que ce soit une erreur commise par les propriétaires mexicains actuels. En réalité, la société Nivada voit le jour à Granges, Grenchen de son nom allemand, en Suisse, en 1926.
Elle est fondée par Otto Wullimann, Hermann Schindler et Jakob Schneider. Les premières années, et même les premières décennies, Nivada est une marque assez confidentielle. Elle se fait tout de même connaitre en étant l’une des premières manufactures à produire des montres automatiques.
Les premiers catalogues d’avant-guerre présentent quelques tocantes innovantes, avec des cadrans en acier qui résistent à la rouille, des doubles cadrans, ou encore des montres baguettes. Il faut cependant attendre l’après-guerre, en 1950, et la création de la Nivada Grenchen Antarctic, une montre automatique étanche, pour que l’histoire s’accélère.
La montre est sélectionnée pour être portée par les militaires de la Marine Américaine, lors de l’expédition polaire Deep Freeze 1, entre 1955 et 1956. Il s’agit d’une campagne internationale pour explorer le pôle Sud. C’est un coup de pub incroyable, qui va permettre à l’horloger Suisse de produire et de vendre des montres “Nivada Antarctic”, pendant plusieurs années, à tous les passionnés de montres militaires.
Une réputation qui grimpe et un changement de nom
Dès lors, Nivada gagne en réputation. Les montres du fabricant Suisse sont fiables et robustes, capables de supporter sans problème les conditions extrêmes de l’Antarctique.
En 1963, la marque lance un “super-chronographe” avec pas moins de 9 fonctions qui sera responsable d’une bonne partie de son succès : Le Chronomaster Sea Diver Aviator. En 1964, vient la Depthomatic, une montre de plongée équipée d’un bathymètre, capable d’indiquer le niveau de profondeur. Puis en 1965, c’est la Depthmaster et sa résistance à 100 ATM, que l’horloger présente. Les années 60 sont fastes pour la marque, qui vend beaucoup, notamment aux USA.
L’horloger américain Movado, qui ne voit sûrement pas ce concurrent d’un bon œil, lance alors un contentieux, estimant que le nom de Nivada ressemble trop à Movado… La marque suisse décide alors de changer de nom et s’appellera désormais Nivada Grenchen.
Aux USA, la marque prend aussi le nom de Croton, utilisant alors le nom de l’importateur américain ayant l’exclusivité sur les ventes de l’autre côté de l’atlantique. C’est pour cette raison qu’on trouve des montres identiques ayant différentes appellations : Nivada Grenchen, Croton, Croton Nivada, ou encore Croton Nivada Grenchen. C’est notamment le cas du Chronomaster Aviator Sea Diver, montre iconique de la marque, vendue entre 1963 et 1970, qu’on retrouve sous différents noms.
La crise du quartz sera terrible
Seiko débarque en 1969 avec des montres à quartz, révolutionnaires pour l’époque, et comme beaucoup d’horloger Nivada Grenchen va subir la crise du quartz de plein fouet. Les montres ne se vendent plus et la marque décide d’arrêter la production à la fin des années 70. On sait ensuite que Max Schneider, le fils d’un des créateurs de Nivada est resté à la tête de l’entreprise jusqu’à 1976, puis on perd le fil de l’histoire, même si les montres ont continué à être disponibles à la vente jusqu’au début des années 80.
Au début des années 2000, la marque Nivada Grenchen refait son apparition sous pavillon mexicain… L’appellation « Swiss Made » est toujours mise en avant, mais elle est alors très controversée. Les montres sportives, souvent à quartz, qui sortent des manufactures mexicaines sont bien loin des standards des montres helvétiques.
La renaissance
C’est donc en 2018, grâce à Guillaume Laidet et Rémi Chabrat que Nivada Grenchen renait réellement de ses cendres. Les montres des années 60 reviennent à la mode et c’est le moment pour l’Antarctic et la Chronomaster Aviator Sea Diver d’être rééditées.
L’idée est de respecter du mieux possible les designs originaux, en ajoutant quelques technologies actuelles, et en conservant un prix relativement abordable. Il y a une véritable communauté de passionnés, amateurs de Nivada, qui a suivi le projet de près, et il semblerait que la belle histoire de Nivada Grenchen soit relancée !
Les montres phares de Nivada Grenchen
Nivada Grenchen Antarctic
C’est la montre qui a fait décoller la marque en 1950. Elle est désormais rééditée et disponible aux alentours des 650 €. C’était une montre à remontage manuel au milieu du siècle dernier et elle est désormais équipée d’un mouvement automatique suisse Soprod PO24.
Elle reste la montre capable de survivre sans problème aux conditions extrêmes de l’Antarctique, avec son boitier en acier, sa couronne vissée et sa résistance à 10 ATM. Elle conserve un design très similaire à celui des premières montres de 1950, avec un niveau de finition encore un peu plus poussé et travaillé, notamment sur les cadrans.
On la trouve avec différents fonds de cadran et différents bracelets acier ou cuir. Quelques références comme l’Antarctic Spider 32023A ou l’Antarctic 32001A, ont également un guichet de date à 3 heure. C’est une montre solide, mais également très élégante, qui s’adapte sans problème à tous les styles.
Chronomaster Aviator Sea Diver
C’est la montre la plus iconique du fabricant suisse, celle qui provoque le plus gros engouement auprès des amateurs d’horlogerie et de la marque Nivada Grenchen. Là encore, c’est une réédition quasi parfaite du modèle d’origine, avec des mouvements modernes. Il y a plusieurs versions, certaines avec un mouvement Sellita SW510 BH b à mouvement automatique, et d’autres avec un mouvement à remontage manuel. Il existe également des versions un peu plus chères équipées de Valjoux.
Les dimensions du boitier sont proches du modèle original, ou en tout cas des dernières versions produites dans les années 60. Les toutes premières montres étaient un peu moins épaisses. Pour le reste, rien n’a changé ou presque, si ce n’est les surfaces du boitier qui sont parfois polies et d’autres fois brossées, alors que les boitiers d’origines étaient uniquement polis.
On retrouve la lunette crantée noire aux index blancs, les deux sous-cadrans, ou encore les boutons du chronographe. C’est un garde-temps résolument sportif, qui fait montre de régate, tachymètre montre de plongée, GMT et bien sûr chronographe.
Nivada Grenchen Depthmaster
On lui a donné le nom de mini Panerai ou de Pac-Man, la Depthmaster fait aussi partie des montres mythiques du fabricant suisse. Cette plongeuse résistante à 100 ATM est reconnaissable facilement avec son boitier rectangulaire aux côtés arrondis et à sa lunette bien ronde, aux 120 crans et 15 minutes.
Certaines versions portent le nom de Pac-Man, à cause des index des heures qui reprennent la calligraphie du célèbre jeu vidéo. D’autres versions plus sobres ont des index numérotés ou à bâtons. Il y a aussi une version Jellyfish, avec une méduse au milieu du cadran.
Ici encore, le mécanisme d’origine a été remplacé par un calibre Sellita automatique SW-200. Concernant le design, la réédition est presque identique, si ce n’est le brossage de l’acier sur la lunette ou bien les aiguilles qui n’ont plus tout à fait la même forme. Il y a un choix très intéressant avec de nombreux cadrans, index, aiguilles, bracelets différents, pour avoir une Depthmaster aussi personnalisée que possible.