Cartier Tank : l’art et la manière

Cartier Tank Basculante Or
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Déjà un plus d’un siècle (depuis 1919 !) qu’elle attire autant qu’elle fascine. Jamais passée de mode, la Tank de Cartier est même devenue un symbole. Celui de l’intemporalité, ou de l’élégance qui transcende les époques et les milieux culturels. Vous l’avez sans doute déjà fantasmée, à moins d’en posséder une ?

Pourtant, les débuts de la Tank relèvent presque du coup de poker… ou du coup de génie. Question de point de vue.

Le responsable ? Nul autre que Louis Cartier, hyperactif directeur artistique de la maison parisienne.

Démonstration d’une success story incarnée par les artistes les plus inspirants.

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La première Cartier Tank, sobrement nommée “Tank Normale” – 1927 @archives Cartier

 

Cartier : Centre d’innovation ?

Avant la Tank, il y avait la Santos (du nom de l’aviateur Alberto Santos Dumont), toute première montre bracelet “moderne” et gros galop d’essai en matière de technologie et de design pour la maison Cartier. A l’époque, son étonnant design intrigue, captive les amateurs, mais ne convainc pas les masses.

Challengé, l’héritier poursuit sa recherche du dessin parfait et lance la Tonneau et la Tortue, du nom de leurs formes respectives. Le succès est là, mais peut être trop timide pour l’entrepreneur ambitieux qui reprend son crayon jusqu’à l’idée de génie.

Tank : Une icône est née

Des drames fondateurs naissent souvent les œuvres les plus percutantes (Picasso, Rubens, Goya en témoignent). C’est un an après l’armistice de 1918 que la radicale Cartier Tank vient secouer les “roaring twenties”.

Inspirée des lignes du char Renault FT-17, ses formes sont celles d’un carré comprimé entre deux brancards latéraux. Le côté droit est surmonté de la fameuse couronne au saphir cabochon. Au centre, un cadran d’une formalité immaculée souligne deux aiguilles pomme, et un chemin de fer longe l’index romain. Pas plus, pas moins.

Elle n’est pas ronde, ne se range pas dans la poche et s’avère complètement unisexe : la révolution Tank est en marche, logiquement suivie par les grands esprits créatifs avides d’avant-garde.

1917-Cartier-Tank-Prototype

Cartier tank Prototype – 1917 @archives cartier

 

Star des montres, montre des stars

Si le premier exemplaire fut offert au Général Pershing, c’est l’acteur Rudolph Valentino qui lui a fourni sa première (et anachronique) présence sur grand écran en 1926, dans Le fils du Sheik de Georges Fitzmaurice. Totalement inséparable de son garde-temps, l’acteur fait alors pression pour le garder au poignet, jusque devant la caméra !

L’histoire d’amour de la Tank avec le monde des arts et du spectacle continue depuis, sans interruption. L’icône immédiate de Cartier se retrouve autour de beaucoup de célèbres poignets, dont ceux de Cary Grant, Duke Ellington ou plus récemment Jeff Goldblum et Catherine Deneuve, Jackie O, Alain Delon et Yves Saint Laurent. Rien que ça.

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Duke Ellington et sa Tank à Guichet – Circa 1930 @Magnum Photo/Collection F.Driggs

 

Une “Fashion Watch” avant l’heure ?

Le reste n’est que littérature. Forte de son aura cool, la Tank range tous les goussets au placard, et l’objet “montre” passe de fonctionnel à esthétique.

Grâce à son look identifiable entre mille, Cartier installe son nom dans le segment de la montre bracelet et opère ce que les journalistes spécialisés reconnaissent comme le premier “branding” de l’histoire, ou la nouvelle manière de vendre un produit afin d’installer positivement une marque dans l’esprit du public.

Ensuite, tout s’enchaîne. Cartier augmente sa production et lance dès 1921 la Tank Cintrée. S’ensuit un nombre impressionnant de déclinaisons : Tank basculante, asymétrique, Divan, Chinoise, Française, la fameuse Américaine ou encore la Tank à Guichet furent autant de propositions stylistiques de la maison, dans lesquelles le parfum des arts lointains se marie aux tendances occidentales… au point d’atterrir sur la plus grande influenceuse mode du 20e siècle, Diana Spencer, dont le style caméléon inspire encore aujourd’hui les magazines les plus pointus.

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Lady Diana et sa Cartier tank solo – 1995 @Sipa pour Cartier

 

Le temps suspendu

Au sujet de son exemplaire qu’il n’a jamais voulu régler, Andy Warhol dira :

“Je ne porte pas une montre Tank pour qu’elle me donne l’heure, je porte une Tank parce que c’est LA montre à porter.”

Andy-Warhol-Tank-Louis-Cartier

Andy Warhol portant sa Tank Louis Cartier, qui n’indique donc pas l’heure exacte

Une déclaration qui résume parfaitement ce qui fait la force du bébé de Louis Cartier : une pièce à toute épreuve, dont le design unique ne passe jamais de mode.

La preuve : un siècle plus tard, la Tank continue de jouer les starlettes dans les vitrines de Cartier, qui relance aujourd’hui la gamme Must et ses cadrans colorés, ainsi que les nouveaux modèles Solarbeat. Une hérésie pour ceux que le quartz rebute, mais surtout une nouvelle avancée qui permet au modèle culte de rester pertinent aux yeux d’un marché toujours plus exigeant, et surtout plus large. Les amateurs éclairés peuvent quant à eux profiter du nouvel entrain pour Cartier sur le marché du vintage. Attention toutefois, les modèles rares de la tank se méritent à tout point de vue, on n’oublie donc pas de prévenir son banquier…

Une montre qui bouscule les codes et s’affranchit du temps : quel paradoxe ! Voilà pourtant l’A.D.N. de la Tank, un objet d’art créé par un artiste, adopté par les artistes, et destiné à ceux qui, comme eux, envisagent la vie autrement que par les heures qui passent.

 

Dernière modification de l’article le 01/10/2021

Antoine

Mode et horlogerie, un combo qui sonne mal pour beaucoup d’amateurs, mais qui rythme mon quotidien. Je passe le plus clair de mon temps au milieu des vêtements, mais jamais sans une montre. Deux mondes pas si éloignés que ça au final, et dans lesquels la raison est souvent mise de côté.


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Written by Antoine
Mode et horlogerie, un combo qui sonne mal pour beaucoup d'amateurs, mais qui rythme mon quotidien. Je passe le plus clair de mon temps au milieu des vêtements, mais jamais sans une montre. Deux mondes pas si éloignés que ça au final, et dans lesquels la raison est souvent mise de côté.