Les prix du neuf dans le secteur de l’horlogerie sont déjà difficilement compréhensibles pour les non-initiés mais c’est encore bien pire en ce qui concerne les ventes aux enchères. Alors quelles sont les montres les plus chères de l’histoire ?
Entre l’histoire, la rareté, l’état, les matériaux, les pierres précieuses, les designs et autres, le nombre de critères à prendre en compte pour estimer le prix d’une montre lors d’une vente aux enchères est sans fin. Aujourd’hui, on se penche sur les 5 montres bracelets les plus chères jamais vendues.
On va rentrer en détails dans les 5 montres les plus chères de l’histoire, mais tout d’abord, passons rapidement en revue les montres de la 10ème à la 5ème place de ce classement :
Précisons aussi au passage que nous parlons ici uniquement des montres vendues aux enchères !
Sommaire
- 1 Numéro 10 : Rolex Daytona “The Unicorn” : 5,6M d’€
- 2 Numéro 9 : Patek Philippe 5208T-010 : 5,9M d’€
- 3 Numéro 8 : Patek Philippe 5711 Blue Tiffany & Co : 6,2M d’€
- 4 Numéro 7 : Patek Philippe 5016A-010 : Env 6,9M d’€
- 5 Numéro 6 : Patek Philippe Two-Crown Worldtime 2523 Eurasia : 7,2M d’€
- 6 Numéro 5 : Patek Philippe Gobbi Milano “Worldtime” référence 2523 – 8,5M d’€
- 7 Numéro 4 : Patek Philippe 1518 or rose : 9M d’€
- 8 Numéro 3 : Patek Philippe 1518 en acier : 10,5M d’€
- 9 Numéro 2 : Rolex Daytona 6239 “Paul Newman” 16,8M d’€
- 10 Numéro 1 : Patek Philippe Grandmaster chime 6300A-010 : 30M d’€
Numéro 10 : Rolex Daytona “The Unicorn” : 5,6M d’€
Une Rolex Daytona 6265 en or blanc surnommée “The Unicorn”, une pièce unique de 37 millimètres produite en 1970 et vendue en 2018 à Genève pour 5 937 000 dollars soit environ 5 623 000 euros. Une des deux Rolex de ce classement.
Numéro 9 : Patek Philippe 5208T-010 : 5,9M d’€
Une Patek Philippe 5208T-010, encore une pièce unique, cette fois-ci en titane. Ce chronographe mono-poussoir à quantième perpétuel est équipé d’une troisième complication : une répétition minute. Elle fut produite et vendue pour la célèbre vente Only Watch 2017 pour à 6 226 000 dollars, soit environ 5 884 000 euros au profit de la recherche pour la myopathie. On reparlera d’ailleurs de Only Watch plus tard en fin d’article.
Numéro 8 : Patek Philippe 5711 Blue Tiffany & Co : 6,2M d’€
La fameuse Patek Philippe Nautilus 5711/1A-018 , une édition limitée en acier au cadran bleu Tiffany & Co vendue 6 503 000 dollars en 2021, soit environ 6 157 000 euros, au profit cette fois-ci de l’environnement avec l’association The Nature Conservancy. Cela en fait la Nautilus la plus chère du monde, sauf si nos calculs sur la Nautilus de Bernard Arnaud sont correctes… Allez donc jeter un oeil à notre vidéo sur le sujet si vous voulez en savoir plus.
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Numéro 7 : Patek Philippe 5016A-010 : Env 6,9M d’€
On reste chez Patek avec cette 5016A-010, une autre triple complications mariant un quantième perpétuel avec phase de lune, un tourbillon et une répétition minute. Elle fut vendue en 2015 à Genève pour 7 260 000 dollars soit 6 857 000 euros.
Numéro 6 : Patek Philippe Two-Crown Worldtime 2523 Eurasia : 7,2M d’€
Voilà une pièce de 1953, la toute première Patek Philippe 2523 Wordtime jamais produite avec son cadran en émail cloisonné. Une montre en or jaune avec une complication d’heure universelle vendue en 2021 pour 7 682 000 dollars soit 7 255 000 euros.
Numéro 5 : Patek Philippe Gobbi Milano “Worldtime” référence 2523 – 8,5M d’€
On arrive enfin dans le top 5 avec cette Patek Philippe Gobbi Milano “Worldtime” 2523, même référence que la montre précédente avec ses deux couronnes à 3h et 9h, elle aussi produite en 1953. Elle est en revanche en or rose avec un cadran entièrement en émail bleu. Il n’existerait que deux pièces comme celle-ci au monde, mais celle-là en particulier vient se doter d’une double signature lui offrant une rareté incommensurable et la transformant en pièce unique. On peut donc lire “Gobbi Milano” à 6h, faisant référence au distributeur Patek de prestige basé à Milan du nom de Gobbi.
Elle fut vendue en 2019 à Hong Kong pour 8 967 000 dollars soit 8 470 ooo euros.
Numéro 4 : Patek Philippe 1518 or rose : 9M d’€
Passons à cette Patek Philippe 1518 en or rose, un chronographe avec phase de lune et quantième perpétuel qui approche la barre des 10 millions. Il s’agit d’une pièce encore plus vieille que les deux précédentes puisque ses origines remontent à 1948. Sa taille de 35 millimètres entre parfaitement dans les codes de l’époque et lui offre une élégance rare.
La première 1518 lancée en 1941 marque le début des chronographes à quantième perpétuel de série de chez Patek, mais aussi dans le monde de l’horlogerie tout entier. 281 exemplaires auraient été produits, dont seulement 58 en or rose. Parmi celles-ci, la majorité était équipée d’un cadran argenté et seulement une poignée se dotait de cadrans roses comme celle-ci. Il s’agit de la 14 ème jamais vue sur le marché. On peut aussi noter que les deux guichets à 12h indiquant la date et le mois sont en langue française.
Cette pièce appartenait au prince d’Egypte, le prince Mohammed Tewfik A. Toussou, qui en avait fait l’acquisition en 1951 et qui la garda toute sa vie. Elle n’a donc jamais changé de mains ni été proposée à la vente pendant plus de 70 ans. C’est aussi la seule 1518 en or rose connue qui fut vendue avec son certificat d’origine, qui date de juillet 1951. Elle n’a été que très peu portée et a passé le plus claire de son temps dans un coffre. Elle n’a jamais été polie et garde donc ses finitions d’origines, qui n’ont que très peu subi les intempéries. C’est également le cas du superbe cadran qui garde son éclat d’origine et ses échelles en émail et qui ne présentent que très peu de traces du temps.
Cette 1518 allie donc une maison de renom, des matériaux précieux, une histoire horlogère forte en plus d’une histoire au niveau de son propriétaire, une rareté impressionnante et une condition parfaite. Toutes les conditions étaient réunies pour que cette pièce soit considérée comme une véritable pièce de musée, qui allait donc atteindre des prix stratosphériques lors de sa vente.
Elle fut finalement vendue en 2021 à New York pour 9 570 000 dollars soit 9 040 000 euros.
Numéro 3 : Patek Philippe 1518 en acier : 10,5M d’€
On passe enfin les 10 millions avec cette autre Patek Philippe 1518 encore plus vieille que celle du prince d’Egypte puisqu’elle fut produite en 1943, 2 ans seulement après le début de la production et elle fut vendue en février 1944. Celle-ci fait partie des seulement 4 versions en acier qui ont été vues sur le marché, ce qui en fait une des Patek les plus rares de la planète. Même le musée de la marque à Genève, dont on parle dans notre vidéo à propose de la ville, n’en possède pas une version identique alors qu’il s’agit de la plus grande collection privée de Patek au monde. Ces 4 pièces sont discrètement gardées dans certaines des collections privées les plus incroyables de la planète et lorsque celle-ci fut proposée à la vente en 2016, cela faisait plus de 10 ans que le marché n’avait pas vu de 1518 en acier. En dessous de son numéro de série, on peut voir le chiffre “1”, ce qui signifie qu’il s’agit du tout premier boîtier en acier de l’histoire produit pour une 1518.
On reste ici sur du 35 millimètres et sur un quantième perpétuel affiché en français, dans un boîtier en acier alors que ce n’était que pendant les années 70 que la marque a commencé à produire des montres de série en utilisant ce métal. Avant cela, les boîtiers étaient presque exclusivement en métaux précieux incluant l’or de différentes couleurs ou le platine. L’acier était réservé aux commandes spéciales de professionnels comme des docteurs ou des ingénieurs qui avaient besoin de montres-bracelet ultra précises et techniques, tout en gardant un aspect polyvalent important et une résistance à des modes de vie actifs. Cela explique en grande partie pourquoi de nombreux collectionneurs voient les Patek Grande Complications en acier comme de véritables graals et comme des preuves d’une véritable et profonde connaissance de l’histoire de l’horlogerie.
Cette 1518 aussi rare qu’énigmatique est donc apparue sur le marché en 2016 dans un état absolument grandiose et le boîtier en acier ne présente quasiment aucun signe de polissage, de choc, de rayure ou autres. Toutes les pièces sont d’origine, les finitions ont gardé leur éclat du début des années 40, le cadran garde son superbe aspect avec les échelles et le nom de la maison en émail parfaitement exécuté.
En termes d’histoire, cette montre fut vendue en 1944 à un certain Joseph Lang de Budapest, en Hongrie. Son prix catalogue de l’époque était de 2 265 francs suisses, soit 500 francs de moins que les versions en or. Il peut aussi être intéressant de noter que le jour de son achat, Monsieur Lang n’avait en réalité pas acheté une 1518 en acier, mais deux ! L’histoire ne dit pas à qui étaient destinées ces deux montres, mais elles ont toutes deux refait surface en Hongrie dans les années 90 et 2000.
Cette pièce considérée par beaucoup comme la plus importante Patek Philippe en acier de l’histoire fut vendue en 2016 à Genève pour 11 137 000 dollars, soit 10 522 000 euros. Un coefficient assez intéressant lorsqu’on le compare au prix d’achat de l’époque…
Numéro 2 : Rolex Daytona 6239 “Paul Newman” 16,8M d’€
On sort de chez Patek en s’approchant du vainqueur avec cette Rolex Daytona “Paul Newman” de 1968, une pièce dont beaucoup d’amateurs d’horlogerie ont entendu parler puisqu’elle est restée, jusqu’en 2019, la montre bracelet la plus chère au monde. On est encore une fois en présence d’une pièce d’une marque de renom, vendue dans un état irréprochable, qui représente un morceau d’histoire dans l’horlogerie mondiale et qui a appartenu à un personnage public admiré et adulé de beaucoup. Cette Daytona cadran panda (blanc avec sous-cadrans noirs) était la montre personnelle de l’acteur Paul Newman. Il s’agissait d’un cadeau de la part de sa femme pendant les années 70 qui avait fait graver le fond de boîte sur lequel on pouvait lire “Drive Carefully. Me“, comprenez “Conduit Prudemment. Moi”. Il s’agissait d’un clin d’oeil, comme pour rappeler à l’acteur devenu pilote que sa femme l’attendait après la ligne d’arrivée et qu’il était plus important d’arriver vivant que d’arriver premier.
Monsieur Newman semblait porter un amour particulier à cette montre qui ne quittait que très rarement sont poignet, jusque dans les années 80 alors que sa femme lui offrait une nouvelle Daytona, une référence 6263. La 6239 historique avait alors été offerte au petite ami de la fille de monsieur Newman et elle resta en sa possession jusqu’à cette fameuse vente aux enchère de 2019.
Le nom Daytona remonte à 1962, pour célébrer le fait que Rolex devenait alors le chronométreur officiel de la Daytona 500, une course automobile de 500 Miles, soit 805 kilomètres, sur le célèbre circuit de Daytona aux États-Unis. Depuis cette époque et encore aujourd’hui, les vainqueurs de cette course mythique se voient remettre une Daytona.
Mais cette 6239 n’avait pas n’importe quel cadran panda. Il s’agissait d’un cadran dit “exotique” qui se caractérise entre autres par une police style art déco et des index bien spécifiques dans les sous-cadrans, souvent 3 couleurs avec un usage du rouge avec parcimonie et la présence de traits fins traversant les sous-cadrans, traits qui sont absents des cadrans plus classiques. Ces cadrans exotiques n’avaient eu que très peu de succès à leur sortie et ont donc été produits en quantité très limitée, ce qui joue logiquement sur leur rareté aujourd’hui. Plusieurs experts s’accordent à dire que pendant leur période de production, une Daytona sur 20 était dotée d’un cadran exotique.
Ce n’est que dans les années 90 et 2000 que ces cadrans on très largement gagné en intérêt, en grande partie suite à la publication du livre “Paul Newman: Les images d’une vie“, dont une version de la couverture présentait l’acteur et pilote portant cette Daytona au cadran si rarement mis en avant à l’époque. Il semblerait que ce soit suite à cette couverture et à d’autres photos publiées dans divers magazines que la folie pour ces cadrans exotiques a commencé.
Cette 6239, entraînée par le calibre Rolex 722 développé sur une base de Valjoux 72, est d’ailleurs la seule Daytona dite “Paul Newman” qui a véritablement appartenu à l’icône qui lui a donné son surnom.
Les différentes références faisant partie des Paul Newman Daytona lorsqu’elles sont équipées de cadran exotiques sont la 6239, référence originale que portait Paul Newman, la 6240, la 6241, la 6262, la 6263, la 6264 et la 6265. On en trouve certaines dans les collections de Dany Boon, de Ed Sheeran, ou autres grands collectionneurs.
La plus accessible est la plus classique : la 6239, sauf évidemment lorsqu’il s’agit de celle qui a appartenu à la légende et qui a donc créé la genèse.
Cette pièce historique fut vendue en 2017 à New York, devant une salle de plus de 700 acheteurs potentiels, pour 17 753 000 dollars, soit 16 772 000 euros, proposés par un acheteur anonyme qui enchérissait au téléphone. Une partie des bénéfices est encore une fois aller à des associations, dont une montée par la famille de Paul Newman. L’acteur était un philanthrope discret et lorsque sa fille et son ex-petit ami décidèrent de vendre cette montre, ils savaient qu’il aurait voulu que cela soit pour la bonne cause. Il s’agissait alors d’un record absolu pour l’époque, jusqu’à ce que la 8 ème édition de l’évènement Only Watch pointe le bout de son nez…
Si vous voulez en savoir un peu plus sur l’histoire de cette 6239 historique, allez lire notre article sur le sujet qui date de l’année de sa vente.
Numéro 1 : Patek Philippe Grandmaster chime 6300A-010 : 30M d’€
Et voici la montre la plus chère du monde.
En 2019, Patek a placé la barre très, très haut avec cette Grandmaster Chime pièce unique produite comme on l’a dit pour l’évènement Only Watch, un évènement biennal qui propose aux maisons horlogères les plus prestigieuses de la planète ainsi qu’à des horlogers indépendants de présenter une montre unique pour la mettre en vente au profit de la recherche sur la myopathie de Duchenne, maladie neuro-musculaire dégénérative qui touche 1 jeune sur 3 500 sur la planète. On avait d’ailleurs rédigé un article sur l’édition 2021 si vous voulez y jeter un oeil.
On revient ici sur une montre en acier, métal extrêmement rare pour la manufacture, surtout lorsque l’on parle de montres à Grandes Complications comme c’est le cas ici. Il s’agit d’ailleurs de la seule Grandmaster Chime utilisant ce matériau. La montre est ici magnifiquement décorée et guillochée au motif “Clous de Paris” et mesure 47,7 millimètres de diamètre pour 16,07 d’épaisseur ce qui en fait une pièce imposante, tout en gardant une élégance et une classe difficilement égalable.
La Grandmaster Chime fut dévoilée au public en 2014 mais ne devint une pièce du catalogue qu’en 2016. Elle était alors proposée dans un boîtier en or blanc. Il s’agit de la montre bracelet la plus compliquée de la maison avec ses 20 complications. Parmi celles-ci, on retrouve cinq complications sonores dont deux sont des exclusivités mondiales : une alarme sonnant l’heure que l’on programme, et une répétition de date, qui indique donc la date du jour de manière sonore.
Jay-Z est l’une des rares célébrités que l’on a vu porter une Grandmaster Chime, notamment au 50 ans de son ami P-Diddy. Il possède une version aux cadrans noir et blanc qu’il porte superbement et qui nous rappelle qu’il est un vrai collectionneur, comme vous pouvez le voir dans notre article sur les montres des rappeurs.
Son boîtier en acier est réversible grâce à un mécanisme de rotation unique et breveté par la marque. La montre a donc deux cadrans en or 18 carats. Sur cette version qui détient le record de prix, on en trouve un couleur or rose et un noir. Sur le cadran or rose, le sous-cadran à 12h indique l’heure de l’alarme et est doté de l’inscription “THE ONLY ONE”, détail propre à cette pièce unique.
Elle fut vendue à Genève pour 31 000 000 de francs suisses, soit environ 30 000 000 euros. Il y a donc un gap d’environ 14 millions d’euros entre la première et la deuxième plus chère jamais vendue…
Et vous, pour laquelle de ces montres seriez-vous prêt à payer le prix d’un chateau en Espagne ?
Dernière modification de l’article le 24/02/2024
Basé entre Paris et la région de Genève, avec des explorations fréquentes à l’international, mon itinéraire professionnel m’a vu évoluer de l’événementiel en Asie et du secteur immobilier français en passant par des sphères variées telles que la formation, la création multimédia et l’intelligence artificielle. Ma curiosité m’a conduit vers l’horlogerie sur le tard. Depuis des années, je suis fier de pouvoir partager les subtilités de ce domaine sur lecalibre.com, média devenu une véritable référence francophone sur le secteur !