Le cadran de montre est la partie visible de la face avant de la montre, il est le « visage » de la montre. C’est lui qui donne les informations relatives au temps. Un cadran se caractérise :
- par la matière utilisée,
- par le traitement de la surface
- par la ou les couleur(s)
- par la configuration des éléments qui le composent (compteurs, guichets etc.)
- par le relief qu’il peut présenter
Les composants du cadran de montre :
Le plus simple est de partir d’exemples concrets.
Cette Jaeger Lecoultre Master Ultra Thin présente une petite seconde à 6h : c’est une configuration très courante pour les montres simples trois aiguilles. La petite seconde peut aussi être située à 9h.
La célébrissime Rolex Daytona a influencé de multiples modèles de chronographes, avec ses trois compteurs disposés de manière très typée : les deux compteurs supérieurs ne sont pas tout à fait alignés avec les index de 3 et 9h, mais légèrement décalés vers le haut. Notez aussi que chaque compteur est souligné par un anneau de couleur contrastée.
Au contraire, sur l’Omega Speedmaster, les compteurs sont alignés sur l’axe de 3 et 6 heures. Cette différence subtile a toute son importance pour les connaisseurs.
Encore un chronographe, mais cette fois tout à fait particulier par le nombre de compteurs : le Chrono 4 de Eberhard compte en effet 4 compteurs !
Cette IWC Montre d’Aviateur comprend trois guichets pour le mois, la date et le jour, ainsi que deux sous-cadrans : à 3h la réserve de marche, et à 9h la petite seconde. Cette configuration des trois guichets alignés de manière courbe est assez rare.
La Navitimer est l’archétype de la montre technique, avec un cadran montre surchargé d’information par les lunettes règles à calcul. Mais ces informations étaient très utiles aux pilotes avant l’invention des calculatrices.
Pour terminer cette revue des différentes configurations de cadrans, parlons des montres à guichets avec cette Humbert-Droz HD4 finition bois : les informations sont dispensées par quatre disques à travers trois guichets : le premier pour les heures et les minutes, le deuxième pour le jour et le dernier pour la date, le tout complété par une seconde centrale. Humbert-Droz est une marque familiale française basée à Besançon.
Le travail des matières et des couleurs
Un cadran de montre classique présente une surface généralement en métal et un revêtement blanc ou coloré.
L’acier du cadran peut être gravé, en utilisant les mêmes techniques de gravure que celles utilisées pour la gravure sur les armes de chasse ou sur les couteaux. Roland Baptiste est un artisan graveur qui a développé une gamme de montre présentant des cadrans entièrement gravés à la main. Vous pouvez trouver ici l’article que nous lui avons consacré.
Autre forme de gravure, le guillochage est une technique très pointue qui nécessite un appareillage spécifique et est généralement réservé à de grandes maisons telles que Breguet ou Vacheron Constantin. Pourtant un jeune horloger s’est lancé dans cette aventure avec un certain succès, nous lui avons consacré un article à découvrir ici.
Le cadran avec finition soleillée est devenu assez courant, grâce entre autres au succès de la Presage de Seiko. Ici une autre Seiko, la Brightz, avec ce type de cadran. Il y a beaucoup à dire sur les techniques des cadraniers de Seiko, cela pourra faire l’objet d’un article à part.
Le cadran de montre peut être peint, souvent de manière industrielle, mais il peut être également peint à la main par des peintres miniaturistes, qui travaillent au binoculaire. C’est le cas d’Isabelle Villa, qui a développé une expertise particulière en la matière, par exemple avec des sujets animaliers comme ce superbe tigre blanc.
L’émail est une matière qui était utilisée couramment sur les montres de poche. Aujourd’hui, l’émail est plutôt réservé aux montres de plus haut de gamme. Les Lundis Bleus est une marque suisse qui maitrise cette technique de l’émail grand feu et produit des cadrans stupéfiants. Vous pouvez relire ici l’article que nous lui avons consacré.
Difficile de résister au plaisir de vous montrer cette Carrosse, d’Olivier Jonquet, avec son cadran montre émaillé et embossé, qui imite les cadrans des vieilles horloges du 18ième siècle.
Le problème de l’émail est sa reproductibilité : chaque cadran présente de légères différences. C’est pour cette raison qu’IWC a développé une technique de laquage qui donne un résultat similaire à l’émail, mais avec une meilleure reproductibilité. Cette technique est au cœur de la collection 2018 pour le 150ième anniversaire, qui a fait l’objet d’un article à retrouver ici.
La céramique est une matière très difficile à produire, les horlogers qui utilisent cette technique ne cachent pas que les pertes en production ne sont pas négligeables. Mais cela rend le résultat d’autant plus précieux. Cette technique est utilisée par Credor (le très haut de gamme de Seiko) pour sa collection Eichi II : le cadran est entièrement fait en céramique, et les index sont peints à la main. La céramique donne un rendu laiteux tout à fait unique, mais également difficile à rendre en photo.
La marque polonaise Balticus utilise la technique de la Goldstone pour produire le cadran de la Stardust. On peut dire que c’est une version synthétique de l’aventurine. La méthode consiste à soupoudrer le verre fondu de fins cristaux de cobalt, ce qui donne cet aspect de voie lactée, stupéfiant en pleine lumière.
Les horlogers utilisent également toute une série de matières naturelles, en voici quelques-unes.
Le bois est à la mode, plusieurs marques sont apparues avec des montres présentant un boitier et un cadran en bois. Dans le haut de gamme, le bois est également utilisé mais avec la technique de la marqueterie, comme sur cette Tonda Woodstock de Pamigiani Fleurier, en hommage aux guitares Gibson. On est ici dans le haut de gamme exclusif.
Mais la marqueterie n’est pas l’apanage du haut de gamme, la petite marque française Koppo a développé une ligne de montres à quartz toutes simples, avec un cadran en marqueterie en bois.
La paille n’est pas oubliée par les artisans des marques haut de gamme : le cadran de cette Hermès est fait de morceaux de paille assemblés en marqueterie.
Après la paille, les plumes : cette Harry Winston présente un cadran en marqueterie faite de plumes.
La nacre est assez couramment utilisée en horlogerie, mais l’exemple qui suit est tout à fait particulier parce qu’il combine nacre et peinture miniaturiste. C’est encore une œuvre d’Isabelle Villa, pour la collection Charms de van Cleef & Arpels : la fée Muguet. La nacre est rendue tellement fine par le polissage qu’elle en devient presque translucide. La pièce est ensuite peinte sur la face avant, mais également sur la face arrière pour donner cette impression de relief. Le tout est complété par des paillettes d’or. C’est une vraie œuvre d’art.
La pierre est également utilisée en horlogerie, par de grandes marques comme Piaget, ou par de petits artisans comme Alex Benlo avec cette Agate Mousse, réalisée avec une pierre du même nom. Petite particularité : la face arrière de la pierre est couverte d’un revêtement luminescent, et la pierre est tellement fine que la montre s’illumine après exposition du fond à une lumière vive.
La marque italienne Terra Cielo Mare a développé toute une collection de montres utilisant des cadrans en pierre, comme cette Orienteering Cerro Torre, réalisée avec un bloc de granit ramené du sommet du Cerro Torre par une équipe d’alpinistes italiens. Le Cerro Torre est considéré comme un des sommets les plus difficile au monde. Etonnamment cette montre est plus légère qu’elle ne paraît.
Pour en finir avec les matières naturelles, notons encore que les météorites sont aussi utilisées en horlogerie, comme pour cette Météorite, réalisée par l’artisan horloger français Philippe Lebru.
Jaquet Droz possède une longue tradition en matière d’automates. Ces automates peuvent aussi être intégrés dans des montres, comme avec ces deux chardonnerets au nid.
Pour terminer cette longue revue des cadrans horlogers, voici le clin d’œil de l’année 2018 : la Clown de l’horloger Konstantin Chaykin, qui a reçu le prix de l’audace au Grand Prix d’Horlogerie de Genève.
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