En 2017, Seiko présentait, dans sa gamme nouvellement dénommée Presage, une collection « Cocktail ». Inspirée, comme son nom le laisse supposer, de cocktails proposés par Hisashi Kishi, le barman en chef du Star Bar, dans le quartier Ginza, à Tokyo. Les modèles de la collection proposaient différents cadrans et différentes couleurs de boîtier en se référant aux cocktails ad-hoc dont ils reprenaient le nom.
Seiko Cocktail, une histoire qui ne date pas d’hier
Mais revenons quelques années en arrière, jusqu’en 2010 précisément. La SARB065 apparaît sur le marché, mais c’est alors un modèle JDM (japanese domestic market), qui n’est donc officiellement disponible qu’au Japon. Cependant, ce modèle fait rapidement parler de lui sur les forums spécialisés, grâce à son spectaculaire cadran soleillé dont les reflets passent du bleu au violet voir au gris en fonction de l’éclairage. Son succès sera mondial via des imports plus ou moins bien maîtrisés et parfois fort coûteux ! Elle reste, encore aujourd’hui, un modèle iconique, symbole d’élégance, d’excellence horlogère, et d’un rapport qualité/présence/prix alors imbattable. D’autant que son mouvement 6R15 est d’une précision et d’une fiabilité difficile à prendre en défaut.
Cette SARB065 a été le modèle le plus répandu, même si d’autres variantes l’ont accompagné, de manière bien plus confidentielle, et sont aujourd’hui très recherchées, comme les SARB066 et SARB068, aux cadrans tout aussi spectaculaires, mais plus iconoclastes.
Seiko Presage Cocktail Time – une gamme riche
Retour en 2018, donc, dans notre collection « Cocktail » ou les nouveautés et les séries limitées se succèdent à un rythme effréné. Le point commun de tous ces modèles étant une boite identique, de 40,5mm de diamètre pour 14,4mm d’épaisseur, qui embarque le calibre 4R35 pour les modèles 3 aiguilles/date, et le calibre 4R57 pour les modèles avec réserve de marche et date par aiguille. Cadencés à 21600 alt/h, et offrant 41h de réserve de marche, ces calibres sont sans surprise, fiables, précis, et correctement finis. Ils sont visibles à travers le fond saphir, la masse oscillante dorée apportant une petite touche moderne bienvenue, et détournant le regard d’une finition somme toute industrielle.
Des cadrans spectaculaires !
Le remarquable de ces modèles se situe invariablement dans les cadrans, toujours spectaculaires et incroyablement exécutés pour cette gamme de prix. Les cadrans soleillés qui ont fait la renommée de la SARB065 sont déclinés dans de nombreuses couleurs, mais surtout, de nouvelles variantes, texturées et à la finesse incroyable sont régulièrement proposés par la marque, sur des éditions plus ou moins limitées, telle la Starlight et la Sakura Hubuki. C’est le cas de cette SRPC97J1 qui nous intéresse ici.
Surnommée « Fuyugeshiki », ce qui signifie plus ou moins « paysages hivernaux » et qui évoquent des sols recouverts de neige et la lumière qu’on peut rencontrer à cette époque de l’année, elle fait référence, on l’a déjà évoqué, à un cocktail éponyme.
Le cadran travaillé évoque donc ces paysages enneigés, par un jeu de textures et de reflets de toute beauté. Les index et le logo sont appliqués, tandis que la graduation et la mention de la gamme sont imprimés en noir. Le guichet de date se situe à 3h, et il est suffisamment lisible sans pour autant être exagérément présent. Ce cadran est très pur, et n’est pas inutilement surchargé, et le regard peut s’attarder sans être dérangé par des éléments parasites, afin de profiter des jeux de lumière qui s’y passent. Les aiguilles qui le parcourent sont élégantes, de type dauphine, et la fine trotteuse en acier bleui apporte une petite touche de couleur et d’élégance supplémentaire. Le tout est recouvert d’un verre hardlex bombé et l’ensemble est un vrai plaisir à regarder et à porter.
Cette configuration (cadran pur, aiguilles dauphines, fine trotteuse bleuie..) est un grand classique chez Seiko, mais grâce à sa maîtrise des cadrans, la surprise est toujours bonne, et on passe d’un modèle à l’autre avec toujours un plaisir non feint.
La couronne surdimensionnée, gravée, est d’une taille plus importante que sur les Cocktail pré-Presage, et je trouve qu’elle manque un peu de finesse. Je lui préfère sa version précédente. A son crédit, la préhension et la mise à date et à l’heure sont facilitées. Notons que grâce au stop seconde dont est équipé le calibre, on peut régler sa montre avec précision.
Joliment finie, élégante, un terme qui lui convient décidément parfaitement, cette Presage Fuyugeshiki est vraiment très agréable à porter … une fois débarrassée du bracelet acier qui l’équipe d’origine ! Ce bracelet, composé de 5 maillons, alternant les polis et les brossés, n’est pas une catastrophe en soi. Mais je trouve qu’il gâche ce modèle, en l’alourdissant, physiquement et visuellement. Il est tellement omniprésent qu’il détourne le regard du cadran, qui est pourtant la pièces maîtresse du modèle.
Sitôt reçue, je l’ai immédiatement enlevé, afin de passer cette SRPC97J1 sur cuir. Elle est alors extrêmement légère et confortable, et le cadran peut offrir toute sa superbe aux yeux du porteur et des gens qui l’entourent.
Que penser au final de cette Fuyugeshiki ? Cette montre est une indéniable réussite, nonobstant les petites remarques que j’ai faites plus avant. Bien finie, équipée d’un cadran remarquable, c’est toujours un plaisir de la porter, et on ne s’en lasse pas. Proposée à 459€, c’est assurément un coup de massue asséné par Seiko à toute la planète horlogère. Limitée à 7000 pièces numérotées, je pourrai vous dire de vous précipiter, mais je vous rassure, vous la trouverez facilement. Bien plus facilement en tout cas qu’une SARB066 ou 068 qui n’étaient, elles, pas des séries limitées…
J’aspire de tous mes vœux à ce que le petit monde horloger dans son ensemble cesse de proposer des séries limitées qui n’en sont pas. C’est une stratégie marketing qui commence à lasser les acheteurs, et qui confine au ridicule. Quelque soit la qualité du modèle.
(A lire aussi : Seiko Presage Limited Edition 2018 – la vraie star de Baselworld ?)
Dernière modification de l’article le 18/03/2019
Amateur d’horlogerie dans les 2 sens du terme, puisque je ne suis pas un professionnel du milieu, cette passion est venue s’ajouter à de nombreuses autres il y a une petite dizaine d’années.
En amour, comme disent nos cousins québéquois, pour Seiko, ma collection est plutôt centrée sur les montres de plongée, mécaniques ou à quartz, une technologie qui mérite de retrouver de la respectabilité.
Recul et objectivité sont des qualités qui me permettent de vouer un amour raisonné et raisonnable au monde horloger et à ses dérives.
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