Si MeisterSinger nous a habitué depuis quelques années à produire des montres mono aiguilles assez sobres et classieuses, c’est peu dire si la sortie d’une MeisterSinger déguisée en montre de plongée a suscité étonnement et intérêt. Après une semaine avec la MeisterSinger Salthora Meta X au poignet, je vous propose une présentation avec mon test avis détaillée de cette montre surprenante, agrémentée de quelques considérations personnelles.
Sommaire
MeisterSinger Salthora Meta X Test / Avis
MeisterSinger Salthora Meta X Avis
Salthora Meta X en bref
Avantages et inconvénients
- Complication de l’heure sautante très intéressante
- Belle finition et impression de qualité
- Agréable à porter sur un poignet qui le permet
- La configuration des index « 55 » et « 05 » avec l’heure sautante pourrait être améliorée avec une typographie ou une couleur spécifique pour l’heure.
- Le prix
MeisterSinger, la montre philosophique
C’est en 2001 que Manfred Brassler crée MeisterSinger à Münster en Allemagne. « MeisterSinger » signifie « Maître de chant » et non « Maître chanteur » comme on pourrait le croire. D’ailleurs Manfred est lui-même musicien et pratique le piano. Il a connu une première expérience horlogère avec le projet Watchpeople, développé avec un certain Klaus Botta. Inspirés par les horloges mono aiguilles des tours du moyen-âge, ils développent les premières montres bracelet mono aiguilles. Klaus Botta poursuivra seul sa route pour créer Botta Design, une autre marque horlogère allemande également connue pour ses montres mono aiguilles, essentiellement à quartz.
Manfred Brassler souhaite créer une alternative aux montres 3 aiguilles traditionnelles « heures – minutes – secondes ». Avec une montre mono-aiguille, pas d’aiguille des secondes en perpétuel mouvement, pas de pression du temps qui passe. Avons-nous réellement besoin de connaître en permanence l’heure précise à la seconde près ? Et d’ailleurs, qui peut assurer que sa montre est toujours parfaitement à l’heure ? Alors à quoi bon… L’aiguille des heures est rendue superflue grâce à une aiguille longue et fine, un cadran de bonne taille et des index bien lisibles.
La lecture de l’heure sur une MeisterSinger nécessite certes un peu d’habitude. Les plus petits index renseignent les 5 minutes, reste alors à visualiser mentalement la distance qui sépare l’aiguille de l’index suivant pour estimer l’heure à la minute près, pour autant que nécessaire. Pour avoir porté une MeisterSinger Perigraph pendant des années, je vous garantis que c’est faisable.
Parti de montres très dépouillées, MeisterSinger a développé au fil du temps une gamme très large de modèles pour intégrer de nombreuses complications en respectant autant que possible le cahier des charges « mono-aiguille ». Dateur, jour, second fuseau, phases de lune, toutes ces complications sont possibles grâce à l’utilisation de disques.
Avant de continuer, précisons que le logo de MeisterSinger représente un symbole musical inversé : le point d’orgue. Le point d’orgue marque une suspension passagère du tempo, ce qui correspond parfaitement à la philosophie de MeisterSinger.
MeisterSinger Salthora
Les modèles Salthora font partie de la collection « Classic Plus », c’est-à-dire les mono aiguilles avec complications. Une Salthora est visiblement mono aiguille, mais en fait la lecture de l’heure se fait d’une manière tout à fait différente : contrairement aux autres MeisterSinger, l’heure est indiquée dans un guichet situé à 12h, et cette heure est dite « sautante », c’est-à-dire que le changement d’heure se fait de manière instantanée, et non de manière progressive. L’aiguille est donc bien une « vraie » aiguille des minutes au sens commun.
Cette heure sautante est un petit défi horloger : il faut en effet accumuler suffisamment d’énergie pour rendre le changement d’heure instantané, sans pour autant perturber le fonctionnement normal du calibre, ce qui pourrait en diminuer la précision. Nous verrons plus loin le mécanisme qui se cache derrière cette complication. Au fait, vous auriez pu deviner l’heure sautante : « Salthora » vient de l’italien « saltare » (sauter) et « ora » (l’heure).
La Salthora est apparue au catalogue en 2014, tout d’abord avec un diamètre de 40 mm, ensuite 43mm (« Meta »), et en une version dite transparente, laissant apparaître le module d’heure sautante. L’appellation « Meta X » apparaît en 2017 et regroupe 4 modèles au look de montre de plongée, j’ai pu tester le modèle à cadran bleu (référence SAMX908).
La MeisterSinger Salthora Meta X
A première vue, la série Meta X ressemble à une montre de plongée : lunette rotative crantée, diamètre généreux (43 mm), index bien lisibles et luminescents, étanche à plus de 100m (200 en l’occurrence), système de contrôle du temps (en l’occurrence une lunette rotative monodirectionnelle), rehauts de protection de la couronne etc.
Pourtant, contrairement à ce que j’ai pu lire sur un autre blog horloger, la Meta X ne répond pas au cahier des charges de la norme ISO 6425 décrivant les caractéristiques minimales d’une montre de plongée. Pour cela il lui manque entre autres une caractéristique très importante : une indication du bon fonctionnement de la montre. Aussi bête que cela puisse paraître, le plongeur doit pouvoir vérifier avant de plonger que sa montre fonctionne bien, par exemple avec une trotteuse ou une petite seconde.
Et d’ailleurs MeisterSinger ne revendique à aucun moment l’appellation de montre de plongée, aucune indication sur le cadran ou sur le fond ne le prétend. C’est une montre pour les personnes « flexibles », pour une balade à la campagne, pour faire du sport sur la plage, sans se soucier de protéger sa montre contre les aléas extérieurs.
Par contre, MeisterSinger revendique le statut de Swiss Made de ses produits : cela est indiqué fièrement sur le fond de la boite.
Le boitier
Le boitier est en acier inoxydable, d’un diamètre de 43 mm et d’une épaisseur de 14,2 mm. La lunette tournante monodirectionnelle présente un revêtement en céramique bleue avec indication des index de cinq en cinq minutes, avec traitement luminescent. La lunette est crantée pour en faciliter la manipulation, avec un pas de 120 clics. Petit détail assez inhabituel, la lunette est fixée par de fines vis et non clipsée comme c’est souvent le cas.
La couronne est bien entendue vissée, elle est de bonne taille pour en faciliter la manipulation, et deux rehauts la protège contre les chocs. Elle est marquée du logo MeisterSinger : la demi-lune et le point.
La carrure présente un subtil mélange de surfaces polies et brossées, et j’ai particulièrement apprécié la finesse du traitement au niveau des cornes.
Les cornes sont courtes et bien courbées. Les deux protège-couronnes sont effilés.
Le cadran
Le cadran est bleu uni, mat et lisse. Les index de 5 minutes sont en métal collés tandis que ceux des minutes sont peints. Les chiffres sont larges et très lisibles, avec traitement luminescent.
L’aiguille est typique des MeisterSinger : un long et fin triangle juste interrompu par le cercle de fixation à l’axe. Si ce design d’aiguille se justifie pleinement pour des affichages mono aiguilles « classiques », on aurait pu sans doute s’attendre à un peu plus de finesse comme pour une « simple » aiguille de minutes, mais je suppose que le respect du style « MeisterSinger » a primé.
Le guichet de l’heure sautante mérite certainement une attention particulière. En soi, le guichet présente une superbe finition, avec un bord biseauté traité en poli miroir. Mais la question se pose de son emplacement sur le cadran. Situé entre les index de 55 et 05, mais décalé vers le bas, il semble flotter, comme hésitant entre une position périphérique à la hauteur des autres index et une position plus centrale, où l’aiguille aurait pu le cacher. C’est particulièrement frappant lorsque l’heure indique « 05 » comme sur cette photo. Le 55 05 05 est un peu perturbant.
Une autre version de la Salthora Meta X a résolu ce problème, c’est la Transparent. Ici la continuité « 55 60 05 » des minutes est respectée, et les 12 heures apparaissent sur un disque plus central, ce qui je trouve fait perdre une part du mystère de l’heure sautante.
Mais ne boudons pas notre plaisir, cette complication est très agréable à regarder, surtout au moment du changement d’heure, la vitesse de changement de la date est spectaculaire. Et si sa position est sans doute le meilleur compromis, une piste de réflexion pourrait être de choisir une autre police de caractère qui permettrait d’éviter toute confusion avec les index de 5 minutes.
La lunette
La lunette mérite un petit focus. Le crantage du bord extérieur de la lunette est un très bon compromis entre esthétique et praticité. Je me suis amusé à faire une petite comparaison avec deux autres montres de plongées.
La Seiko Solar 200m (en haut sur la photo ci-après) est une vraie « tool watch », elle ne fait pas de compromis avec la praticité : la lunette est crantée sur toute l’épaisseur de la lunette et est légèrement plus large que le boitier ce qui en facilite la manipulation.
La Seiko Samourai quant à elle (en bas sur la photo ci-après) présente un relief délicat et soigné du plus bel effet (en particulier grâce aux reflets sur les coins du boitier), mais sa manipulation n’est pas des plus faciles. La lue
La lunette de la Salthora présente un profil anguleux interrompu par 42 petits arrondis, l’effet esthétique est magnifique, et la manipulation est également très aisée.
Le fond
Le fond de la montre est assez intéressant, il combine plusieurs finitions bien différentes.
L’anneau extérieur présente une finition en acier brossé avec 6 petits trous forés, correspondant sans doute aux six vis qui fixent le fond à la carrure. Cela présente l’inconvénient potentiel de voir s’y accumuler des résidus de transpiration, à tester à plus long terme.
Ensuite l’anneau intermédiaire est traité en finition poli miroir, et reprend les mentions « Salthora Meta X Automatic 20 Bar Swiss Made » gravées en creux dans la masse.
Au centre, un disque traité en mode « micro-billé » faire ressortir le logo et le nom « MeisterSinger », eux-mêmes en poli miroir. Le tout est du plus bel effet.
Le calibre
Comme mentionné plus haut, le défi de l’heure sautante est de permettre un changement d’heure aussi rapide que possible tout en gardant un fonctionnement régulier du mouvement pour ne pas impacter la précision de la montre.
Cela est rendu possible par un module ajouté au calibre standard (typiquement un ETA 2824 ou son homologue de chez Sellita). Ce module consiste en un ressort col de cygne qui va s’armer lentement pendant les 60 minutes qui précèdent le changement d’heure, l’énergie consommée par le module est donc régulière et indépendante du saut de l’heure. Et apparemment cette énergie consommée n’est pas plus importante que celle d’une aiguille des heures normale puisque la réserve de marche ne s’en trouve diminuée, elle reste de 38 heures, comme pour le 2824-2 standard.
Ce mécanisme est illustré sur ce schéma : le col de cygne (1) fait office de ressort et va accumuler l’énergie minute après minute. Et lorsque l’aiguille atteint le zéro, cette énergie est libérée instantanément par l’intermédiaire du bras de transmission (3), et le crochet situé à l’extrémité va faire tourner l’étoile des heures d’une position.
- Ressort col de cygne
- Pont
- Bras de transmission
- Étoile des heures
- Plateau du module
- Cran
Les bracelets
La montre que j’ai reçue en test était équipée d’un bracelet en cuir Saddle Leather Brown du plus bel effet. La boucle est bien entendu signée avec le logo de la demi-lune.
Le site Internet propose un grand choix de bracelets différents.
Les prix
La Salthora Meta X est facturée à 3200€ avec bracelet cuir ou caoutchouc, et 3500€ avec le bracelet en maille milanaise. (voir les prix)
Mon avis perso
J’ai eu beaucoup de plaisir à porter cette montre pendant plusieurs jours, que ce soit en balade dans la nature ou au bureau. C’est une montre avec une présence certaine, confortable au poignet, avec une finition soignée et qui dégage une impression de qualité. La complication de l’heure sautante est très intéressante, même amusante à regarder. Elle permet de garder l’esprit « mono aiguille » de MeisterSinger tout en facilitant la lecture de l’heure.
Soyons honnête, j’ai l’habitude de porter des montres de plongées et mon poignet s’y prête bien. Elle serait sans doute à sa place sur un poignet fin.
En plus de la Transparent présentée ci-avant, la Salthora Meta X existe aussi en d’autres combinaisons de couleurs : outre la bleue que j’ai pu tester, elle existe avec cadran noir et aiguille/heure rouges, ou cadran noir et aiguille/heure vertes.
Voir les prix !
Dernière modification de l’article le 02/08/2019
MeisterSinger Salthora Meta X Avis
Salthora Meta X en bref
Avantages et inconvénients
- Complication de l’heure sautante très intéressante
- Belle finition et impression de qualité
- Agréable à porter sur un poignet qui le permet
- La configuration des index « 55 » et « 05 » avec l’heure sautante pourrait être améliorée avec une typographie ou une couleur spécifique pour l’heure.
- Le prix
Passionné d’horlogerie depuis une dizaine d’années, je m’intéresse autant aux marques qu’aux montres, et suis toujours à la recherche de nouvelles marques. Au-delà des aspects techniques et esthétiques de l’horlogerie, j’aime beaucoup rencontrer les créateurs de marques moins connues, comprendre leur démarche, et les faire connaître.
Difficile de vous dire quelles sont mes marques préférées, disons IWC, Tudor, mais aussi Seiko, Ollech & Wajs et Gavox, et beaucoup d’autres.
Je porte un intérêt particulier aux Tissot T12, une appellation peu connue et créée à l’occasion de la sortie du film de Cousteau “Le monde du silence” en 1956.