Dans cet article nous faisons un comparatif de trois montres de plongée en dessous des 3000 €. Tag Heuer Aquaracer 300 / Squale Matic 60 / ZRC Grands Fonds : DUEL ! La montre, quelle qu’elle soit, n’engage pas beaucoup celui qui la porte au-delà d’une foule de considérations esthétiques ou, si l’on veut être philosophe, d’une certaine spiritualité. D’ailleurs, c’est un peu tiré par les cheveux comme engagement et la plupart d’entre nous se contente de porter l’objet pour ce qu’il est en apparence autant que pour ce qu’il contient comme savoir-faire; rarement pour la performance qu’il garantit.
C’est tout à fait logique lorsque l’on considère que la finalité d’une montre est de laisser passer le temps. De fait, nous sommes souvent plus intrigués par les moyens qu’elle se donne pour arriver à ses fins, ce qui représente une activité pour le moins passive. Bien entendu, les possesseurs de chronographes se défoulent généralement sur leurs boutons-poussoirs durant deux ou trois jour après l’acquisition de leur outil, mais ça va rarement plus loin.
La montre de plongée implique celui qui la porte. Quand bien même il ne pratiquerait pas souvent (voir jamais), ce dernier prend un certain plaisir à l’exposer aux caprices d’une averse ou à immerger ses mains dans l’eau d’un torrent, prétextant que ces dernières sont malpropres.
A l’image du conducteur de 4×4 qui n’emmènera jamais le châssis de son véhicule à plus de 50 % de ses capacités mais qui se précipite sous la neige une fois l’an dans un plaisir complet, le possesseur d’une plongeuse se satisfait parfaitement de barboter dans les récifs en contemplant son instrument cinquante centimètres sous la surface de l’eau bien qu’il pourrait en théorie être immergé jusqu’à la fosse des Kermadec.
La montre de plongée offre cette satisfaction immédiate de pouvoir être éprouvée dans son milieu pour ce qu’elle est, ceci libérée de toute contrainte de temps ou d’intensité.
A l’inverse, contempler sa Flieger confortablement installé dans le fauteuil d’un Airbus A330 n’est pas particulièrement plus gratifiant que de faire la même chose dans son canapé, j’imagine.
Sommaire
Des approches diverses
Les plongeuses sont définies par leur aptitude à fonctionner sous l’eau, la mesure du temps n’est plus qu’un faire-valoir aux yeux d’une majorité de clients.
J’en ai sélectionné trois de différentes marques, pour un tarif inférieur à 3000 euros pour peu qu’elles soient automatiques et certifiées étanches à 300 mètres minimum. Une valeur qui, en dépit de l’idée reçue, n’est pas proportionnelle au prix de l’objet, sauf chez les grandes maisons dans une certaine mesure. A part ça, chacun des modèles essayés se distingue par une philosophie bien singulière.
Ainsi, vous pourrez trouver tout aussi aisément une plongeuse automatique étanche à 300 mètres pour 250 euros qu’une autre (ou en tous cas présenté comme telle), dont le cadran affichera 50m pour cinquante fois cette somme. Et c’est tout l’intérêt de cette catégorie.
Le duel de 3 montres de plongée automatique :
Sans plus attendre, voici donc de match :
Tag Heuer Aquaracer 300
Débutons par la plus célèbre d’entre toutes. Si elle n’est pas non plus une icône de la trempe d’une Omega Seamaster ou d’une Rolex Submariner, Tag Heuer dispose d’une réputation assise dans les montres sportives. Pour la petite histoire, c’est d’ailleurs Edouard Heuer qui déposa le premier brevet pour un boitier étanche en 1892.
Disponible avec un moteur à quartz, l’Aquaracer en version automatique se situe dans le milieu de la gamme Tag Heuer, avec l’ambition d’une tool-watch robuste, précise et assez polyvalente pour être portée tous les jours au travail.
Disponible en 41 ou 43 millimètres de diamètre, en noir ou en bleu, elle tente ainsi de réunir un maximum de sensibilités et de morphologies.
En effet, elle est assez discrète sans se montrer fade pour autant grâce à une finition léchée par rapport aux standards de la marque dans cette gamme de prix.
Sa lunette céramique dodécagonale est munie d’ergots pour une meilleure préhension dans la pratique de la plongée tout en conférant un relief visuellement appréciable. Idem pour la couronne vissée et cannelée qui conserve le même souci pratique.
Sous la glace saphir, les trois aiguilles semblent assez massives mais là encore, elles auront le mérite d’être parfaitement visibles en situation, à l’instar des index appliqués et facettés. Pour ma part, j’apprécie particulièrement le rendu de l’ensemble dans sa version à cadran bleu. Notez la loupe du guichet de date à 3 heures.
Le boitier poli/brossé pourra sembler un peu minimaliste vu de profil mais il a pour lui d’être plutôt fin pour une plongeuse, et de passer ainsi facilement sous la chemise.
A l’intérieur, on retrouve un calibre automatique ETA 2824-2. Difficile d’en dire plus à son propos que ce que l’on sait déjà, si ce n’est que sa fiabilité et sa précision ne sont plus à prouver lorsqu’il est bien réglé. Le prix de la Tag Heuer Aquaracer 300 est de 2400 euros.
Squale Matic 60
Une entreprise pionnière
C’est un nom beaucoup plus confidentiel pour le néophyte, pourtant, la légitimité de cette marque est tout autre.
Crée en 1950 sous le nom de Buren SA et basée à Neuchatel, la fabrique a officié en tant que fournisseur pour les autres constructeurs avant de s’orienter vers l’univers de la plongée en son nom propre (devenu « Squale » à cette occasion) en 1959. Ce qui n’était à l’origine qu’un marché d’exploration presque exclusivement destiné aux professionnels devint par la suite un véritable loisir de masse grâce à l’engouement créé par la sortie du documentaire Le monde du Silence de J.J.Cousteau et Louis Malle.
Une référence chez les plongeurs
Squale est partie prenante de cette aventure et fait figure de référence dans le milieu. Les montres de la marque sont notamment portées par l’équipe Cubaine double championne du monde de pêche sous-marine (1976-1968), ou par Jacques Mayol lors de son record d’apnée en 1970. A cette époque, les hommes grenouilles commandos des marines française et italienne utilisent également les production de la marque au requin.
Au sein même de l’industrie horlogère, les plus grands fabricants font aussi appel à Squale pour son savoir faire. On pourra citer Blancpain avec la Fifty Fanthoms Bund, Auricoste, Doxa ou Tag Heuer avec la 1000m Professional.
Caractéristiques
Avec la Matic 60 Atmos, la marque ne bouscule pas ses codes habituels. Ainsi on retrouve une couronne vissée à 4 heures, protégée par la forme anguleuse du boîtier en acier 316L qui revendique 44mm de diamètre et 16mm d’épaisseur. Celui-ci arbore une finition brossée plutôt qualitative et se pare d’une lunette tournante graduée au Superluminova.
L’ensemble est parfaitement homogène avec un cadran noir, des index appliqués relevés de subtiles touches orangées. Les aiguilles adoptent la même décoration, chacune étant parfaitement différenciée par des jeux de contraste. Le guichet de date est sobrement intégré à 3 heures. D’autres versions, plus colorées, sont également proposées.
Elle embarque le même calibre que la Tag, soit un ETA 2824-2 muni d’un stop-seconde.
Comptez 1200 euros pour acquérir cette Squale Matic 60. Un tarif vraiment compétitif compte tenu des performances et de l’expertise qui sont à l’oeuvre.
ZRC Grands Fonds
Au commencement
Fondée a Genève en 1904 par E. Zuccolo et J. Rochet, respectivement chef d’atelier et premier ouvrier, l’entreprise s’oriente vers la plongée. En 1960, Louis Brunet, l’équipe des plongeurs d’Annecy ainsi que des personnalités locales s’associent aux horlogers toulonnais Pastres et Digne, alors affiliés à la marine nationale.
Cette collaboration donne naissance à la Grands Fonds 300 Marine Nationale. Un outil qui équipera l’école de plongée éponyme ainsi que les plongeurs-démineurs de Toulon. A bord de la Calypso, on la retrouvera sur certains poignets aux côtés des Squales 30 Atmos. Elle fut aussi allouée un temps à l’équipe de France de jet-ski et aux pompiers de Paris.
C’est en 2015 que la ZRC a été rééditée pour satisfaire une demande plus généraliste. Toutefois, elle revendique pleinement son héritage sur le plan technique.
Sa couronne, située à 6h, est venue se placer dans l’entre-corne suite à une requête des plongeurs de la marine lors de la mise au point du modèle d’origine. Ces derniers regrettaient l’exposition d’une couronne externe implantée à 3 heures comme c’était le cas initialement.
Un instrument professionnel
De même, ZRC a développé un brevet (Easy Clean System) permettant d’éviter la cristallisation du sel et l’accumulation du sable entre la lunette et le verre saphir grâce à l’implantation d’une rainure qui draine plus efficacement le flux d’eau entre ces deux composants.
Visuellement, la ZRC contrebalance la virilité de l’épaulement de son boitier par des proportions très contenues (40,5mm de diamètre par 13,9mm d’épaisseur) pour une montre de plongée. La lunette diffère également des standards de la catégorie avec son absence de graduation et ses index ronds. Les aiguilles dites magnum sont luminescentes, à l’image des marqueurs en points sur le cadran; un procédé dont ne profitent pas les chiffres arabes.
Mais c’est bien le bracelet qui est le plus surprenant. Ses anses escamotables à la découpe particulière accueillent deux maillons surdimensionnés qui font place ensuite à de plus petits mobiles, extensibles ceux-ci. Un système pensé pour les plongeurs réguliers afin qu’ils puissent directement faire passer leur montre par dessus la combinaison de plongée.
Revers de la médaille, ce bracelet semble difficile à régler au quotidien et son architecture particulière limite grandement les possibilités de remplacement. Prix de vente actuel de la ZRC Grands Fonds : 2,990€
Bilan
Au moment du choix, chacun se fera son avis. Si la Squale 60 ATM sera directement éliminée par les petits poignets, elle ne manque pas d’atouts avec un rapport qualité/prix extrêmement favorable tout en bénéficiant d’une expertise légendaire dans l’univers des grands fonds. Son design efficace, juste coloré et sans fioritures associé à un calibre qui n’a rien à envier aux deux autres font de cette Matic 60 une excellente affaire. C’est aussi celle qui revendique la meilleure étanchéité.
La Tag Heuer Aquaracer jouit d’un design plus moderne. Plus polyvalente également, elle n’apporte pas vraiment d’originalité mais propose une alternative bien placée. C’est probablement la mieux finie, mais certains pourraient justement trouver son traitement un peu trop démonstratif.
La ZRC Grands Fonds a les défauts de ses qualités. En assumant complètement ses racines, c’est la plus originale et la plus exclusive des trois. Pas toujours évidente à l’usage, elle justifie son prix par ses choix techniques uniques qui feront le bonheur des passionnés de plongée. Au poignet, elle reste assez discrète pour se faire oublier en toutes circonstances.
Dernière modification de l’article le 04/09/2018
Passionné d’horlogerie depuis l’adolescence, je consacre à cette histoire du temps une énergie et un plaisir que j’ose espérer pouvoir vous faire partager à travers mes billets.
Depuis Marseille,
Aurélien