L’arrivée de l’été lance également la saison des festivals : du Hellfest aux Vieilles Charrues en passant par Solidays, il y en a pour tous les goûts ! Dans tous les cas, la recette est la même : un concentré d’artiste sur quelques jours pour des concerts inoubliables dans une ambiance unique. En ce qui me concerne, j’ai pris un peu d’avance en allant voir début mai une légende vivante : Iggy Pop.
Malgré ses 75 printemps, le « Godfather of Punk » a envoyé du lourd et fait honneur à sa réputation…
Le rapport avec la montre Reservoir Sonomaster chronograph du jour me direz-vous ? Puisqu’elle s’inspire des VU-mètres, autant filer la métaphore avec quelqu’un qui les a utilisés, pour ne pas dire martyrisés… !
RESERVOIR : Origines
L’histoire commence en 1923 avec l’installation du premier feu tricolore à Paris. 92 ans et 133 287 unités plus tard, François Moreau est à l’arrêt au pied de l’un d’eux et patiente en s’amusant avec le compte-tour de sa Jaguar. C’est alors qu’il a une idée, une de celles qui font « tilt », qui se matérialisent par une ampoule qui s’allume, de celles qui font surgir de leur bain en criant « Euréka » les mathématiciens grecs :
Et si je faisais une montre à minutes rétrogrades calquée sur un compte-tour ?
S’ensuit quelques dessins, puis deux associés trouvés en chemin (François-Marie Neycensas & François Nakkachdji) et voilà qu’au printemps 2017 ils font une entrée remarquée dans le monde de l’horlogerie par la grande porte de la Foire de Bâle.
Sept mois plus tard, la commercialisation est lancée. Trois ans après, on compte 75 points de vente dans 24 pays différents qui proposent désormais trente modèles dans huit collections. Mais ces trois là en ont encore sous la pédale… (On vous parle de l’histoire des montres Reservoir plus en détails ici)
Les VU-mètres
Les années 1920 voient le début des émissions de radio et des concerts enregistrés. Dès lors, afin d’éviter de saturer l’appareil d’enregistrement et donc, de provoquer des distorsions, les ingénieurs ont eu besoin de mesurer le signal.
L’industrie de l’enregistrement et de la diffusion utilisait alors des compteurs mécaniques, mais ceux-ci n’étaient pas assez rapides, de sorte que les pics n’étaient pas capturés en temps réel…
Grâce aux efforts combinés d’un certain nombre d’organisations aux États-Unis, dont l’Institute of Radio Engineers, Bell Telephone Laboratories et les diffuseurs NBC et CBS, le “VU-mètre” voit le jour en 1940. Les lettres signifient « Volume Unit », et il a été développé pour mesurer toutes sortes de signaux électroniques, de ceux entrants dans une table de mixage en passant par la force d’un signal de diffusion radio jusqu’à la puissance de sortie d’un amplificateur.
En 1942, le VU-mètre est normalisé pour les installations téléphoniques et les stations de diffusion radio, puis apparaît finalement sur tous les types d’équipements audio.
Iggy Pop
Né le 21 avril 1947 à Muskegon dans le Michigan, James Newell Osterberg Jr. grandit dans un camp de caravanes à Ann Arbor, toujours dans le Michigan. Avant de devenir le leader et le chanteur de son propre groupe, James Osterberg est batteur de 1963 à 1965 pour les Iguanas (d’où il héritera de son surnom d’Iguane, rapidement raccourci en Iggy).
En 1967, il fonde The Psychedelic Stooges, se faisant alors appeler Iggy Stooge. Fan des Rolling Stones, de Frank Sinatra et des Doors, il ressort pourtant déçu d’un de leur concert :
Si les Doors sont capables de remplir des salles, on peut le faire aussi.
Un après, le groupe signe chez Elektra (le label des Doors), et James Osterberg adopte définitivement son nouveau nom de scène : Iggy Pop.
La montre en détail
Maintenant que les présentations sont faites, regardons d’un peu plus près cette dernière-née de chez Reservoir : la Sonomaster chronograph.
Vous l’aurez remarqué, il s’agit là d’un chrono dont les deux sous-compteurs sont configurés en Up/Down (comprenez un compteur 30 minutes à midi et un autre pour les heures à l’opposé). Mais contrairement aux autres chronographes, ce ne sont pas eux qui dominent, loin de là !
En effet, ce qui frappe en premier, ce sont les deux ouvertures en forme d’ouïes disposées de part et d’autre. Vous aurez compris qu’il s’agit là des fameux VU-mètres que nous venons de présenter. Et pour le coup, il ne s’agit pas de n’importe quel VU-mètre.
En fait, la Sonomaster est directement inspirée d’une légende du genre, j’ai nommé l’ampli Luxman M10 Mk II. Outre des formes inhabituelles et des couleurs délicieusement vintages, elles abritent toute la singularité de ce chrono, à savoir une petite seconde et une date rétrograde, respectivement à 9 et 6 heures.
Fini le temps où il fallait attendre 60 minutes pour voir de nouveau l’aiguille rétrograde des minutes repartir de zéro : ce frisson est désormais accessible toutes les 30 secondes… !
Abrité dans un boitier en inox brossé de 43 mn de diamètre, l’ensemble est animé par un mouvement manufacture, le RSV-Bi120, inspiré du L1C0 de La Joux-Perret, le nouveau partenaire de Reservoir. Il est visible depuis le fond de boite transparent. Vous aurez donc le loisir de contempler les côtes de Genève de la masse oscillante, le perlée des platines, ainsi que la finition bleutée de la roue à colonne.
Autant le dire toute de suite, la Sonomaster est une réussite : aussi agréable à porter que sa réserve de marche est généreuse (60 heures). Le souci du détail, tel le brossé des index, identique à celui de la boite, ou la couronne, similaire à un bouton de volume ou encore les deux boutons poussoirs inspirés des potards bass et treeble confortent cette impression.
Bien sûr, on peut toujours trouver des bémols… Par exemple, le contrepoids de la trotteuse du chrono reprenant le logo de la marque ne fait-il pas doublon avec celui qui figure dans l’ouïe de droite ? On pourrait également débattre de l’échelle tachymétrique présente sur la lunette externe : n’aurait-il pas mieux valu, dans un souci de cohérence, mettre une échelle en rapport avec le son, pour mesurer les BPM par exemple, ou est-ce un clin d’œil aux origines automobiles de la marque ? D’autant plus que certains VU-mètres se sont inspirés des compteurs de vitesse horizontaux des Américaines des années 1950-1960…
Quant à cette lume bleue sur les aiguilles, s’agit-il d’une faute de goût ou d’un hommage aux VU-mètres McIntosh ?!
Mais ces chamailleries ne doivent en rien parasiter le fait que cette montre est remarquable. Si d’aucuns pensaient que Reservoir se limitait à décliner des montres inspirées de compteurs de mesure de toutes origines, ils ne pouvaient pas plus se tromper.
Reservoir a commencé son histoire en s’appuyant des marqueurs forts. Ces éléments « signatures » lui ont en fait permis d’affirmer une identité, et pas uniquement un style. Dès lors, sachant précisément qui ils sont, rien ne leur est interdit. Si Iggy Pop est aujourd’hui une icône, c’est grâce à son identité à nulle autre pareille, lui permettant de traverser le temps, se réinventant sans cesse, mais sans jamais se renier. Alors que beaucoup se contentent de réinterpréter les tubes de leur gloire passée ou de proposer les mêmes cadrans colorés que le voisin, Reservoir a l’audace d’ouvrir de nouveaux horizons avec cette Sonomaster … !
Dernière modification de l’article le 05/08/2022
Une montre c’est comme un origami : On pense que c’est réussi du moment que la technique est au service de l’esthétique. Mais le plus important, c’est de raconter une histoire…
2 Comments
Adrien
Reservoir fait de très belles montres, avec de belles mécaniques (fragiles). J’ai beaucoup de plaisir à porter une Tiefenmasser bronze de temps à autres.
L’idée de la minute rétrograde calquée sur un compte tour n’était pas nouvelle. Elle avait déjà été visitée, avec beaucoup de goût, à la fin des années 2000 chez Giulano Mazzuoli. La collection Contagiri, magnifique, se place dans une gamme de prix beaucoup moins accessible que Reservoir.
C’est le tour de force de Reservoir que d’avoir réussi cette triple complication (minute rétrograde, heure sautante et réserve de marche) dans un prix contenu.
Hippolyte
Bonjour Adrien,
En effet, les créations de Giuliano Mazzuoli sont dans une tranche de prix bien plus élevées que celle de RESERVOIR !
Pour ce qui est des différences, les premières collections de RESERVOIR sont dotées d’un guichet pour la lecture de l’heure (sautante pour le coup), alors que la collection Contagiri est dotée de deux aiguilles (rétrograde)…
En ce qui me concerne, je trouve que l’inspiration automobile se fait plus sentir chez RESERVOIR que chez Guiliano Mazzuoli… Question de sensibilité sans doute.
En tout cas, merci d’avoir fait mention de ce designer !