L’histoire des montres Hamilton : Le rêve américain

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C’est un nom bien connu de tout ceux qui, comme nous, suivent avec passion les évolutions de l’industrie horlogère. Géant suisse et grand pourvoyeur de “compulsions horlogère irrépressible” (ou CHI pour bon nombre d’amateurs), Hamilton est une marque aussi riche d’histoire que de modèles.

Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si nous avons quasiment tous eu une Hamilton dans nos collections, voir même en tant que première “vraie” montre après avoir validé notre bac (avec ou sans mention). Les gammes si diverses et denses de la marque offre un des catalogues les plus complet du marché dans tout les styles et formats, pour homme comme pour femme, voire même les enfant si l’on se donne la peine. Qualité, accessibilité et style à toute épreuve donnent le ton et résument les principaux attraits de la marque historique.

Pourtant, le chemin fut long et loin d’être tranquille pour Hamilton, qui n’est d’ailleurs pas si Suisse que ça (avec son nom en premier indice), mais un peu quand même. Si aujourd’hui la réputation de la marque n’est plus à faire, son héritage reste sa plus grosse source d’inspiration pour notre plus grande joie. Et pour mieux le comprendre, il faut reprendre à la base.

 

1 – Les premières années : quand la faillite donne place au géant

L'usine Hamilton de Lancaster

L’usine Hamilton de Lancaster

Une fois n’est pas coutume, les prémices d’Hamilton démarrent par la fermeture d’une usine. Cela se passe en 1891 dans l’état américain de Pennsylvanie, plus précisément à Lancaster. Un des plus gros employeur de la ville, la Keystone Standard Watch Company fondée par Adam Brittner en 1886, dépose le bilan suite à une histoire de mauvaise gestion.

“A chaque chose, malheur est bon” comme on dit, et certains investisseurs locaux voit en cette faillite une affaire et rachètent les locaux, mais ils poussent un peu plus loin.

Propriétaires d’une autre manufacture malmenée, la Aurora Watch Company située à Détroit, ce collectif de Lancaster décident de fusionner les deux entreprises en 1892, et la renomme Hamilton , du nom du fondateur originel de l’usine Pennsylvanienne : Andrew Hamilton.

Une fois les équipements de l’usine Aurora transférés de Detroit à Lancaster, l’entreprise opte pour une solution de développement habile et se tourne vers LE secteur porteur du moment : le chemin de fer.

A la fin du XIXe siècle, le transport est un enjeu majeur dans un pays aussi grand que les Etats-Unis. Le chemin de fer reste le meilleur moyen de traverser les différents états le plus vite et le plus sereinement, mais cela implique l’importance d’un timing parfaitement maîtrisé. C’est Henry Cain, ancien directeur de la manufacture Aurora qui est au commande des nouveaux projets et qui lancera les deux premiers succès de la marque.

publicite hamilton XIXe siècle

En 1893 sort la Hamilton grade 936, une montre de poche de 44mm de diamètre à la réserve de marche de 42h, et suivie de près par la Grade 940 et la 960, plus petites en diamètre. La version la plus aboutie reste la Grade 992, sortie en 1903, qui voit plusieurs améliorations (échappement, balancier…) condensées en une seule pièce, et s’écoulera en plus d’un million de pièce sur ses deux variations (992 et 992b) jusqu’à son arrêt en 1969, en faisant la montre “préférée” du chemin de fer américain.

Hamilton "Railway Special" Grade 992b de 1961

Hamilton “Railway Special” Grade 992b de 1961 @ThePocketWatchGuy

Fier de tout ces succès, Henry Cain voit Hamilton contrôler jusqu’à 56% du marché des montres de chemin de fer, contribuant à l’amélioration de la circulation, la réduction du nombre de problèmes et d’accidents, et surtout, à l’expansion colossale de l’entreprise sur le sol américain et le tout en à peine 20 ans, pas mal non ?

 

2 – Du rail au ciel, l’essor militaire et civil d’Hamilton

La conquête du chemin de fer s’est vue un peu obscurcie par un évènement notable du siècle dernier : la première guerre mondiale. Source d’opportunité comme une autre, la guerre et les besoins qu’elle engendre ont permis à Hamilton de développer un produit relativement nouveau à l’époque : la montre bracelet.

Beaucoup plus pratique que la montre de poche, surtout dans les tranchées, la montre Hamilton devient celle du poignet. Les années folles marquent l’essor de ce type de pièces pas si répandues à l’époque, et les premières montre bracelets Hamilton pour homme font leur apparition au catalogue en 1919, pour s’envoler dans les années 20 avec les Grades 987 et 979.

Les design obéissent aux modes de l’époque, et comme on a pu le voir chez Cartier ou Jaeger Lecoultre, c’est l’art-déco qui l’emporte. Les modèles en métaux précieux se succèdent : Hamilton Linwood, Rutledge, Dixon, Flintridge…

Hamilton Pub 1919

Parallèlement, cette période d’insouciance pousse une fois de plus les hommes à s’occuper de manière dangereuse au motif de progrès technologique, et l’on retrouve en 1927 des montres de la marque aux poignets de pilotes effectuant les    premiers vols Californie-Hawaii, ou celui de l’Amiral Byrd pour son premier trajet vers le pôle Nord. Il  y retourne un peu plus tard, mais à pied et accompagné de 60 solides gaillards, tous en Hamilton grade 992 !

Le succès étant quasi-continu, Hamilton rachète la Illinois Watch Company à la fin des années 20, afin de satisfaire la demande croissante et voit sa production être adoptée par les plus grosses compagnies aériennes de l’époque comme TWA ou Northwest.

La grande crise de 29 ? Hamilton n’en entend presque pas parler. Face aux premières chutes de ventes, la marque opte pour un changement osé : l’abandon des métaux précieux dans la construction des boitiers au profit de l’acier et du plaqué or, réduisant drastiquement les coûts de production et par conséquent, le prix de vente. Le succès se poursuit dans les années 30, jusqu’à ce qu’une nouvelle demande peu ordinaire arrive aux oreilles de la marque : un appel d’offre du ministère de la défense américain.

Anticipant (avec pas mal de justesse finalement) les risques de conflits en Europe, l’armée américaine décide de se doter des instruments de mesures les plus fiables possible. Pour ça, deux concurrents doivent se départager : Hamilton et Elgin, et seul Hamilton atteint les mesures demandées. Résultat : une première commande de chronomètres de marine (basés sur des modèles Ulysse Nardin). Hamilton produit jusqu’en 1945 près de 11,000 modèle 21 et 22.

Chronomètre de Marine Hamilton Model 21

Chronomètre de Marine Hamilton Model 21

Une belle anecdote à ce sujet : la fiabilité des chronomètre de marine Hamilton est telle qu’il seront utilisés jusqu’en 1988 par quelques rares navires de la marine des Etats-Unis, en cas de panne des systèmes radios. C’est l’émergence des systèmes GPS qui aura raison des derniers exemplaires.

En 1942, Hamilton arrête temporairement la production de montres civiles pour se centrer sur la production militaire. Montres de pilotes, instruments de marine, montres pour l’armée de terre, chronographes, Hamilton touche à tout et ainsi la marque va, sans le savoir, créer ce qui fera son incroyable succès actuel. Plus d’un million de montres sont délivrées pendant la durée du conflit

 

3 – L’après guerre et le développement mondial.

Après la victoire alliée en 1945,  il faudra quelques temps à Hamilton pour retrouver le succès de sa production civile. Plus personne ne conteste l’aura de la marque, mais il lui manque encore un modèle iconique.

Cette icône se révèle dans les années qui suivent, au poignet du King en personne aka Elvis Presley. Cette pièce, vous la connaissez : La Hamilton Ventura et son boîtier si identifiable, dessiné par Richard Arbib. Sortie en 1957, elle innove aussi parce qu’elle embarque le premier mouvement électrique massivement produit : la calibre Hamilton electric 500. Un an avant LIP, Hamilton passe donc à l’électrique.

Cette montre reste encore aujourd’hui dans les incontournables de la marque notamment grâce à sa présence dans de nombreux films, comme nous allons en reparler plus tard.

Mais avant de passer à la suite, on pourra noter que quelques années plus tard, fin 1965, les équipes de Stanley Kubrick ont demandé à la marque de dessiner des modèles spécialement pour un chef-d’œuvre de l’histoire du septième art, j’ai nommé “2001 : l’Odyssée de l’espace”.

Hamilton X-01 L'Odysée de l'espace 2001

L’unique Hamilton X-01 du film 2001 : L’Odysée de l’espace

Hamilton creuse son trou dans l’espace de la culture, mais poursuit également son développement. Au début des années 60, l’enseigne américaine vise un pays en pleine croissance : le Japon.

Dans ce marché complexe, elle établit un partenariat avec la marque Ricoh et tente de s’implanter via ses calibres électriques. Avec une production de presque 1000 pièces par mois, le duo se donne les moyens de réussir mais se heurte à une faible demande, et vous connaissez la suite : les stocks s’accumulent, les prix chutent, tout le monde y perd.  Face à cet échec, il faut couper le cordon, et le partenariat est dissous en 1965 face à la supériorité d’une marque qui ne tardera pas à faire beaucoup, BEAUCOUP de bruit dans l’industrie : Seiko.

Est-ce pour autant une raison pour ralentir ? Que nenni pour Hamilton. En 1966, l’entreprise rachète Buren, une marque Suisse ayant déjà pignon sur rue en Europe. Profitant de l’occasion pour partager les savoirs (ce qui peut se résumer à utiliser les mouvements de l’autre pour s’étendre sur son propre marché), Hamilton intègre notamment dans sa gamme intra-matic, de nouveaux calibres à micro-rotor Buren.

1969 est une année charnière pour la marque américaine. Tout d’abord car c’est celle qui développera le calibre 11, le “premier mouvement chronographe automatique de l’histoire” en partenariat avec Buren donc, mais aussi Breitling, Heuer et Dubois Dépraz. Ce mouvement marque les prémices de la lutte du marché traditionnel occidental contre un nouvel adversaire de taille venu du Japon, car le calibre 11 se pose en concurrent direct du calibre 6139 Seiko. Bien que l’histoire fasse encore l’objet d’un débat sur l’éternel “qui a sorti son mouvement le premier“, cette confrontation marqua le point de départ d’un grand affrontement industriel.

Pour ma part vous savez mon idée sur la question (d’où les guillemets visibles plus haut).

Hamilton chronomatic Fontainebleau Calibre 11

Une des premières Hamilton dotée du Calibre 11 : la chronomatic Fontainebleau @MonochromeWatches

Mais pour le moment, tout cela n’inquiète pas les investisseurs qui décident de prendre une décision majeur : transférer l’intégralité de la chaîne de production en Suisse. Exit donc l’usine de Lancaster, Pennsylvanie et place aux montagnes Helvètes : l’ensemble des moyens industriels se retrouve chez Buren. 1 ans plus tard, nouveau coup d’éclat : Hamilton annonce la PSR.

PSR ? Tout simplement la contraction de PULSAR, la première montre numérique du monde. Grâce à un affichage LED révolutionnaire et un design futuriste, cette PSR fait grand bruit même si son prix avoisine celui d’une voiture neuve (2100$ à l’époque, soit plus de 14000$ actuels) tout en affichant une autonomie réduite. Même si ça n’aura pas empêché James Bond d’en porter une dans Vivre et laisser mourir.

Les rééditions de la Hamilton PSR @Hodinkee

Les rééditions de la Hamilton PSR @Hodinkee

 

4 – De l’incertitude à la renaissance

Le succès d’estime de la PSR ne sauve malheureusement pas Hamilton de la crise du quartz des années 70. Face à une petite baisse de régime, l’entreprise est rachetée en 1974 par la Société Suisse de l’Industrie Horlogère ou SSIH, et Büren également. Il faut attendre les début des années 80 pour que la production Hamilton se relance un peu, mais composée en très grande majorité de quartz.

En 1984, Hamilton devient officiellement propriété du groupe Swatch après la fusion de la SSIH et du groupe ASUAG ou Allgemeine Schweizerische Uhrenindustrie AG (ne me demandez pas de l’écrire une 2e fois), propriétaire entre autres de Mido et Oris. Marque devenue presque “perdue” dans le paysage horloger, elle peut néanmoins se relancer avec un label Swiss made et de nombreux modèles comme la Boulton, la Wilshire ou encore la Ardmore. Mais les premiers efforts marketing viennent à la fin des années 80.

Campagnes à grande échelle, publicité en print plus présente et évènements divers, Hamilton renoue aussi avec son medium de communication préféré : le cinéma. C’est le renouveau du succès sur le grand écran dans les années 90 ou vous avez sans doute aperçu une de leur montre dans Men In black, où l’on retrouve une fois de plus la célèbre Ventura, et Ocean’s Eleven peu après. Vue très récemment aux poignets de Matthew McConaughey dans Interstellar ou dans d’autres succès comme Seul sur Mars et Tenet, la marque est ultra-présente sur les écrans et enchaîne les partenariats. Nouvelle étape : le jeu vidéo, ou Hamilton s’est illustré au poignet de Dani Rojas, héro/héroïne du dernier opus de la licence made in Ubisoft : Far Cry 6.

Hamilton Khaki BelowZero Titanium Tenet

La Hamilton Khaki BelowZero Titanium du film Tenet

Aujourd’hui forte d’un réseau de plus de 500 points de ventes dans le monde, Hamilton est redevenu le géant commercial qu’il était. Toujours sous l’égide du groupe Swatch, l’enseigne prend soin de cultiver un patrimoine visible dans chacune de ses gammes, et continue d’enrichir une identité forte via des dizaines de modèles accessibles au plus grand nombre. Récemment, Hamilton a également développé ses propres mouvements via l’aide des bases ETA qu’elle emboîtait auparavant, et donne naissance dans les années 2010 à sa ligne de calibres propres  aux multiples fonctionnalités (H-10, H-14, etc…).

De la montre militaire à la dress-watch la plus habillée, chacun y trouve son compte, y compris les plus audacieux d’entre nous qui peuvent depuis peu retrouver la célèbre PSR revue et corrigée comme les modèles de Ventura les plus extrêmes.

 

5 – Les différentes gammes Hamilton : 

Hamilton Khaki Field

Première ligne “militaire” de la marque, la gamme Khaki Field est composée des “field watches” de l’armée de terre. Issue directement de la production dédiée aux soldats pendant la 2nd guerre mondiale. Elles embarquent aujourd’hui des modèles quartz et mécaniques dans un large éventail de diamètres de 38mm à 50mm (!). On les retrouvent à partir de 500€ environ et c’est probablement la field watch la plus portée aujourd’hui que ce soit pour son histoire ou son excellent rapport qualité / prix.

Voir la collection >

Hamilton Khaki Navy

La ligne la plus sportive chez Hamilton, la gamme Khaki Navy fournit les modèles dédiées à l’univers maritime de la marque. On y trouve évidemment des montres de plongées, mais également des modèles plus inspirés des fameux chronomètres de marine fabriqués par Hamilton dans les années 30. C’est cette gamme qui comprend les modèles les plus “extrêmes” de la marque comme la Frogman ou la récente Khaki BelowZero Titanium, aperçue dans le film de Christopher Nolan dont nous avons parlé plut haut.

Voir les modèles de Khaki Navy.

Hamilton Khaki Aviation

Comme son nom l’indique, nous sommes ici avec la troisième gamme du trio terre-mer-air, la ligne Khaki Aviation. Ultra-complète, Hamilton affiche ici son superbe passé de fournisseur d’outils pour pilote avec un très large choix de montres. Issues de modèles historiques ou venant de créations plus modernes, vous y trouvez une montre pour chaque usage qu’elle soit équipée de chronographe, d’une règle à calculs ou d’un fuseau horaire supplémentaire. Tout les amateurs s’y retrouvent, et les vrais pilotes aussi.

La gamme est disponible ici.

Hamilton Jazzmaster

La gamme jazzmaster regroupe les modèles les plus moderne et contemporains de la marque, c’est également dans celle ci que l’on retrouve le plus grand nombre de modèles disponibles. Maestro, Thinline, Open heart, Viewmatic, on y aperçoit les modèles récents les plus répandus de la marque. Combien d’entre nous on déjà eu des vues sur la célèbre Hamilton Open heart, avec son cadran unique dans le paysage horloger ?

Voir la gamme >

Hamilton Ventura

Assez logique, au final, que la plus grande icône de la marque se retrouve désormais avec une ligne dédiée. Au fil des années, elle a connu de nombreuses déclinaisons mais, pas d’inquiétude : au milieu de ses versions quartz, XXL, en chronographe ou même dans un dessin carrément futuriste, on retrouve toujours le modèle (presque) original, toujours disponible sur son bracelet flexible en métal très rétro.

Voir les différentes variations.

Hamilton American Classic

Place aux légendes, car c’est ici qu’elles se retrouvent toutes. PSR, Pan Europ, Ardmore et Boulton, les pièces historiques sont toutes ici, armées de mouvements modernes. C’est le meilleur des deux mondes. Vous y retrouverez également l’ensemble de la grande gamme intra matic qui malgré son âge, reste encore dans les tops ventes de la marque. L’importance du design, une fois de plus.

Voir les montres.

Hamilton Broadway

Relativement en retrait dans l’offre Hamilton, la gamme Broadway regroupe un petit nombre de modèles aussi modernes et élégants. Leur particularité ? Une touche de couleur qui dynamise l’ensemble sous la forme d’un bande verticale sur le cadran, offrant beaucoup de relief et de textures. Un petit twist toujours sympa pour égayer les longues journées de bureau.

Ici pour en savoir plus >


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