Les Jeux olympiques 2024 sont terminés, les paralympiques débutent, et des records continuent à tomber. Hors des stades aussi, des prouesses sont effectuées, notamment en horlogerie où la nouvelle montre mécanique la plus fine jamais créée vient d’être dévoilée. Le nouveau record revient à la géniale et fantasque maison horlogère Konstantin Chaykin, qui présentait hier la Thinking, un prototype de montre ultra fine d’1.65 mm d’épaisseur seulement.
Une course à la finesse
Depuis plus d’un siècle, les horlogers les plus talentueux cherchent à réduire l’épaisseur des garde-temps, pour des raisons esthétiques. Aujourd’hui, il y a surtout une course au progrès et à l’innovation, et les marques cherchent à prouver que leurs ingénieurs sont les plus inventifs et les plus talentueux.
Ces dernières années, 3 marques se sont disputées le record de la montre mécanique la plus fine. Il y a tout d’abord Piaget, qui a tout au long de son histoire a développé des tocantes très fines, et qui dévoilait en 2018 l’Altiplano Ultimate Concept, qui faisait exactement 2 mm d’épaisseur.
Puis Bulgari s’est joint à la bataille en 2022, avec l’élégante Octo Finissimo et ses 1.8 mm. Quelques mois plus tard, Richard Mille voulait prouver son savoir-faire et présentait la RM UP-01 Ferrari, qui gagnait encore 0.05 mm sur le précédent record, avec un boîtier de 1.75 mm.
Cela n’a pas plu à Bulgari, qui s’est remis au travail, et sortait de ses ateliers en avril 2024 l’Octo Finissimo Ultra COSC, de 1.70 mm d’épaisseur. Le géant du luxe à l’italienne avait tout juste eu le temps de sabrer le champagne, qu’un nouveau participant se lançait dans la course…
Il s’agit donc de Konstantin Chaykin, qui vient de dévoiler « Thinking », un nouveau prototype de montre ultra fine, de 1.65 mm seulement, s’octroyant ainsi le nouveau record.
Il n’est plus vraiment utile de présenter l’horloger russe, qui fait parler de lui depuis plusieurs années, grâce à des pièces complexes et très originales. Vous avez tous probablement déjà vu la collection Wristmons, avec un cadran représentant la tête d’un joker, qui lui avait permis de remporter le prix « Audacity » du Grand Prix d’Horlogerie de Genève en 2018.
Un double boîtier étonnant
La Konstantin Chaykin Thinking met donc une nouvelle fois l’horloger russe sur le devant de la scène et sa nouvelle pièce ultra plate s’inspire de la montre Joker Wristmons. On retrouve en effet les deux grands yeux indiquant les heures et les minutes, puis le nom de la marque et le logo représentent la bouche et le nez.
Le boîtier ne fait donc que 1.65 mm d’épaisseur, pour 40 mm de diamètre. Il est découpé dans un acier inoxydable « spécial », dont on ne sait rien de plus pour l’instant, lui conférant une rigidité maximale, d’après le fabricant. Les aiguilles sont peintes directement sur les rayons des engrenages, ce sont des pièces du mouvement, il n’y a pas d’aiguilles supplémentaires qui auraient ajouté une couche de plus et donc quelques millimètres de trop.
Pour obtenir cette épaisseur record, Konstantin Chaykin a conçu un mouvement fonctionnant sur deux niveaux horizontaux. Je ne vais pas me lancer dans une présentation trop précise, je ne suis pas sûr d’avoir totalement compris comment fonctionne l’ensemble de la montre, mais le balancier est séparé en deux éléments normalement assemblés ensemble, et le barillet a totalement été repensé.
Ce dont je suis sûr en revanche, c’est que pour être totalement fonctionnelle, la montre possède deux calibres, l’un intégré au boîtier principal et qui anime les rouages internes pour faire tourner les aiguilles, et l’autre qui se trouve dans un boîtier externe, nommé Palanking et qu’on vient clipser sur le boîtier principal. Ce second boîtier vient protéger le premier, rendant l’ensemble plus rigide et donc plus robuste.
Il ne sert pas qu’à ça, puisqu’il ajoute surtout un micro-rotor permettant à la montre un remontage automatique, mais aussi une couronne pour régler l’heure ou effectuer un remontage manuel. Bien sûr, avec ce second boîtier la montre perd son record et passe à 5.4 mm d’épaisseur, mais il n’est pas indispensable, du moins pas tout le temps… Les 32 heures de réserve de marche du module principal, nous permettent de retirer le Palaking pour la journée, et d’avoir ainsi la montre la plus fine du monde au poignet.
Alors véritable record ou tricherie avec ce boîtier extérieur, qui reste inévitable pour remonter la montre et triple alors son épaisseur ? On laissera les professionnels du secteur en juger, mais la Thinking reste, quoi qu’il en soit, une montre étonnante et très ingénieuse.
Dernière modification de l’article le 30/08/2024
Depuis que mon grand-père m’a un jour ouvert sa Rolex Oyster Perpetual pour m’expliquer comment une montre pouvait fonctionner sans pile en créant elle-même sa propre énergie, je me suis fasciné pour les montres et leurs complications. Je devais avoir environ 18 ans et encore aujourd’hui, je trouve l’ingénierie toujours aussi intéressante.