Nivada Grenchen continue de fouiller dans ses archives et déterre désormais l’Aquamar, un modèle discret des années 60, pour lui offrir une seconde vie. Il n’est pas question ici de proposer une simple copie, puisque les 3 nouvelles versions de cette skindiver arrivent avec quelques arguments bien sentis, dont la possibilité de modifier les index et la lume du cadran, en quelques tours de couronne.
Dans un marché saturé de plongeuses rétro, Nivada cherche une nouvelle fois à proposer quelque chose de différent, sans perdre le fil de son héritage. Alors réédition validée ou tocante à oublier ? On vous donne nos impressions.
Sommaire
Connaître ses classiques
Depuis sa renaissance en 2018, la marque sait piocher habilement dans ses catalogues historiques afin de faire revivre ses plus beaux modèles. Bien que son existence soit plus confidentielle que celle de sa grande sœur l’Antarctic Diver ou que les modèles stars de la marque comme la Chronomaster, l’Aquamar n’en reste pas moins une montre qui mérite de sortir de l’ombre.
Avec cette nouvelle itération, Nivada ajoute une proposition à un secteur ultra-concurrentiel, mais particulièrement apprécié des amateurs d’horlogerie, celui de la montre skindiver.
Rééditer un modèle historique ne suffit pas à se distinguer et Nivada Grenchen le sait mieux que quiconque. Fidèle à sa maîtrise des revivals, la marque de Guillaume Laidet ajoute à cette collection une touche de modernité bienvenue. On note par exemple que le mouvement à remontage manuel de la montre originale laisse place à un robuste calibre Soprod P024 automatique qui offre 38h de réserve de marche. Fini également le boîtier coussin, les cornes s’allongent pour plus de dynamisme et de sportivité tout en gardant une mesure de 45mm de corne à corne afin de s’adapter à la plupart des poignets, même féminins.
Comme on pouvait s’y attendre, elle emprunte à l’originale ses attributs de montre de plongée skindiver, comprenez une montre répondant aux exigences des plongeurs en apnée. On y retrouve un diamètre contenu de 38mm, une lunette bi-directionnelle ici en céramique noire, une étanchéité à 20 atm (grâce notamment à la couronne vissée) et une aiguille des secondes orange, très lisible, faisant office d’indicateur de marche.
Même si on aurait préféré un indicateur de marche avec de la lume afin d’être vraiment efficace, tous ces changements sont bienvenus, mais la véritable nouveauté, et originalité de la montre, c’est son cadran et surtout ses index modifiables afin de passer d’un index blanc “immaculé” à un index blanc “patiné” en un instant !
Un sandwich, avec frites ou potatoes ?
Il y a des débats qui déchaînent les passions mais demeurent sans réponse objective. Date ou no date ? Ketchup ou mayo ? Frites ou potatoes ? Index faussement patinés ou immaculés ? La réponse de Nivada ? Un sandwich modulable, selon les envies !
Par simple action de la couronne, il est possible de changer le style des index, et c’est du jamais vu. Sous la première couche du cadran, on trouve un disque de date qui alterne entre des index à lume faussement patinée pour un effet “montre vintage”, et des index à lume blanche pour une style montre “fraichement déballée”. Ils apparaissent tour à tour au travers des découpes du cadran sandwich, lorsqu’on tourne la couronne. Ces découpes sont en forme de fer à cheval conformément au modèle des années 1960, sur les versions noire et bleue. La version grise se démarque avec des index bâtons, doublés à 3,6,9 et 12h, pour un design plus contemporain.
Votre montre changera donc de style tous les jours à minuit ! Mais bien sûr, libre à vous de remettre un petit coup de couronne si le hasard fait que la patine ne match pas avec votre look du jour ! C’est vraiment bien pensé et ça apporte un côté mécanique supplémentaire au garde-temps, qui va forcément séduire les collectionneurs et autres passionnés de bizarreries horlogères.
Quelle que soit la configuration choisie, la Super-luminova de classe C1 permet une bonne visibilité dans l’obscurité. Sur les aiguilles baguettes polies, la matière luminescente est de couleur coquille d’œuf, afin de se marier avec discrétion aux deux types d’index, habile.
Saluons enfin que Nivada a su rester raisonnable sur les inscriptions présentes sur le cadran. Logo, nom de la marque, nom du modèle et mention SP, n’altèrent pas l’aspect épuré et sobre du cadran. Pour ceux qui se poseraient la question, le SP est pour Shock Protect. Le cadran est disponible en 3 couleurs (noir, bleu et gris) et il est protégé par un verre saphir double dôme dans le plus pur style vintage, mais avec un traitement anti-reflet tout de même.
Le fond de boîte plein est travaillé. Il arbore un médaillon central doré dont le pingouin en relief rappelle l’appartenance de la montre à la gamme Antarctic ; la gamme à l’esprit « tool watch » de la marque.
Caractéristiques techniques
- Mouvement : Calibre automatique Soprod P024, 38 heures de réserve de marche, 28800 alternances par heure (4Hz)
- Cadran : Noir, bleu ou gris (index différents sur le gris)
- Boîtier : Acier inoxydable 316L
- Verre : Saphir double dome avec traitement anti-reflet
- Couronne : Siglée et vissée
- Bracelet : Chute 20-16mm, pompes rapides. Plusieurs choix proposés
- Étanchéité : 20 ATM (200m)
- Prix : 1095€ à 1295€ suivant le bracelet
Au poignet
Nous avons pu porter la montre quelques jours à notre poignet, dans sa version au cadran noir et bracelet tropique du même ton. Son cadran nous a tout de suite séduit. La forme de ses index lui donne une identité propre, tandis que le laquage noir mat lui confère un aspect robuste et sobre. C’est une montre que les amateurs aguerris sauront sans nul doute reconnaître au premier coup d’œil. Ses dimensions sont contenues, malgré son épaisseur de 12,9 mm, ce qui assure discrétion et confort au porté.
Le bracelet tropique avec sa chute de 20-16 est particulièrement agréable, surtout en été. Le changement de bracelet est facilité par des pompes rapides. Cela tombe bien car de nombreux bracelets sont disponibles au catalogue et l’entrecorne est de 20mm, de quoi se faire plaisir aussi avec des bracelets tiers. Seul bémol : la lunette, sans clics, peut se décaler facilement, cassant l’alignement du point de luminova à l’aspect tritium vieilli et de l’index de 12 h. Un détail qui agacera peut-être les plus pointilleux.
En conclusion
Sous ses airs d’énième réédition, (bien que très efficace), cette Aquamar révèle un caractère qui lui est propre. Outre son amusante, et très utile, fonction de changement d’index, elle sait s’approprier son héritage tout en le modernisant. Se présentant comme une évidence dans la gamme Nivada, elle fait une entrée remarquée parmi les plongeuses aux inspirations vintage. Avec ce modèle, Nivada nous montre que l’on peut s’amuser tout en étant une marque à la réputation sérieuse. Espérons que cela inspirera d’autres acteurs d’un marché qui a trop souvent la fâcheuse tendance à se reposer sur ses acquis.
Dernière modification de l’article le 26/07/2025
Ingénieur de métier, Olivier est passionné par tout ce qui touche de près ou de loin à la mécanique. Après celui de l’automobile et de la moto, c’est le virus de l’horlogerie qui l’a piqué il y quelques années. Il met aujourd’hui à profit son enthousiasme et sa curiosité pour les belles montres en contribuant à l’univers Le Calibre au travers d’articles et de vidéos.