Bell & Ross 03-94 A521 collab Alpine : Test & Avis

Pour le test de la montre Bell & Ross 03-94 A521 en collaboration avec Alpine, nous avons fait le choix de nous rendre sur l’un des plus grand centre d’essais routier en Europe (450 hectares pour 19 pistes) afin de tester ce chronographe Bell&Ross A521 x Alpine au volant… d’une Alpine A110 S. Tant qu’à faire… ! Mais alors ? Qu’en avons nous penser ? Voici notre test / avis complet !

Direction l’Auvergne pour le Centre d’essai et de recherche Michelin !

Le temps pour moi de faire deux tours de reconnaissance du circuit n°3 des piste de Ladoux (2,77km de long pour 12m large) et d’enfiler un casque, faisons quelques rappels de circonstance :

Née en 1992 de la complémentarité de Bruno Belamich et de Carlos Rosillo, Bell&Ross est surnommée “la marque à l’esperluette”. Pour ceux qui l’ignorerait, ce logogramme résulte de la ligature des lettres de la conjonction de coordination “et”. Jusqu’au 19ème siècle, ce symbole était même considéré comme la 27ème lettre de l’alphabet. Voilà de quoi briller à la pause-café !

Pour en revenir à ce qui nous intéresse, il n’est donc pas surprenant avec un tel ADN de voir la marque s’associer aussi naturellement avec d’autres institutions françaises, telles la Patrouille de France ou, dans la cas présent, Alpine.

La marque Alpine est quant à elle à l’initiative de Jean Rédélé, plus jeune concessionnaire Renault de France en son temps. Il s’est fait connaître en disputant des rallyes au volant d’une Renault 4CV, jusqu’à réaliser ses meilleures courses sur les pistes sinueuses des Alpes en 1954. Un an plus tard, il nommera sa société en référence à ses victoires sur les routes alpines.

En 1962, l’Alpine A110 est présentée au salon de l’automobile de Paris. Dessinée par Giovanni Michelotti, rien de moins que le designer le plus talentueux de sa génération, sorte de Gérald Genta de l’automobile, l’A110 est aussi singulière et iconique que le design signature de Bell&Ross, “un rond dans un carré”. En 1965, Alpine s’associe avec Renault et commence à écrire son histoire en remportant son premier titre de champion d’Europe en 1971. La consécration viendra en 1973 avec le titre de champion du Monde des rallyes.

La marque finira par rencontrer un certain nombre de difficultés qui auront finalement raison d’elle en 1995. Elle renaitra finalement en 2017, pour remplacera Renault en Formule 1 à partir de 2021.

Avec un tel pédigré, il n’est donc pas surprenant de voir la flèche bleue associée à la marque française d’horlogerie la plus en vue du moment. En effet, Bell&Ross n’est rien de moins que le sponsor horloger d’Alpine F1 et le chrono à l’essai aujourd’hui est d’ailleurs le même que celui de l’un des deux pilote de l’écurie, à savoir Esteban Ocon. Et semblerait-il pas uniquement pour des raisons contractuelles…

De prime abord, on serait tenté de dire que l’A521 et l’A110 S n’ont pas grand-chose en commun : Le premier est d’aspect plutôt massif tandis que les rondeurs aérodynamiques de la seconde sont une évidence. Mais laissons ça de côté pour l’instant : voilà notre tour d’entrer en piste !

Sous l’œil bienveillant des volcans d’Auvergne, la trotteuse s’élance avec autant de souplesse que l’accélération nous colle au fond du siège. Pas le temps de s’émouvoir sur le rapport poids-puissance de la voiture qu’il faut déjà négocier le premier virage : point de freinage, on rétrograde jusqu’au point de braquage, on vise le point de corde pour enfin redresser les roues et remettre les gaz. L’A110 semble s’aplatir lorsqu’il s’agit de négocier les virages à grande vitesse. Mais pas le temps de s’appesantir sur l’équilibre de la voiture qu’il faut déjà se replacer afin de négocier la prochaine courbe !

Les mêmes gestes s’enchainent jusqu’au retour du chant incroyable du moteur lorsque se succèdent les rapports de vitesse. Ils s’enchainent autant plus facilement qu’ils se passent au moyen de palettes au volant. C’est aussi simple que d’utiliser les poussoirs d’un chrono ! Tiens, on l’avait presque oublié celui-là ! On ne s’attendait pas à ce qu’il puisse se faire aussi discret… Et pourtant ! Les aiguilles continuent inlassablement leur course tandis que la voiture ne se lasse pas de défier le temps. Le plaisir augmente à mesure que je me familiarise avec la voiture et le circuit, puis vient le moment où notre instructeur nous indique la voie des stands… Fin de partie !

Le temps d’ôter mon casque et de me remettre les idées en place, je vous laisse parcourir les tableaux de caractéristiques avant de débriefer :

De retour au paddock, je me rends compte que j’ai oublié d’arrêter le chrono… où plutôt, que je n’en ai pas vraiment eu l’occasion. Et pour cause : pas question de lâcher le volant ! Et inutile de dire qu’à cette vitesse, il est hors de question de quitter la piste des yeux… Je prends soudain conscience que l’utilisation d’un chrono en course est un exercice de haute voltige et que la consultation de l’échelle tachymétrique en pleine action relève de l’inconscience pure et simple.

Quoiqu’il en soit, regardons tout ça un peu plus en détail :

Les amateurs de Formule 1 auront immédiatement fait le lien entre le nom de ce chronographe et la monoplace de la saison 2021 de l’écurie française. Les aficionados de Bell&Ross auront bien-sûr instantanément reconnu le boitier iconique de la marque introduit avec le BR-1. Quant aux puristes, ils auront identifié un chronographe uni-compax doté d’un quantième de date à 6 heures et muni d’une lunette tournante bidirectionnelle.

Petite originalité : le compteur des minutes a échangé sa place avec celle de la petite seconde.

L’évocation du constructeur automobile s’établi par l’intermédiaire de subtiles touches de bleu Alpine sur le rehaut mais également sur les aiguilles de chrono. Le logo n’étant présent que sur le contrepoids de la trotteuse. Autant le dire franchement, cette retenue est du meilleur goût !

Et puisqu’il est question du chrono, finissons d’en faire le tour du propriétaire : les poussoirs à bascule font sans aucun doute référence aux palettes de passage de vitesse. Autre détail sympathique : l’aiguille du compteur des minutes avance à mesure que la trotteuse se déplace. Exit l’aiguille qui ne s’anime que toutes les 60 secondes. D’emblée, ça rend le chronographe beaucoup plus vivant qu’à l’accoutumée et renforce son esprit “Racing”. Enfin, les sous-compteurs ajourés renforcent l’aspect mécanique de la montre sans trop en faire et se montrent assez cohérent avec la typographie F1 des index. Bien qu’assez rempli, l’ensemble n’en est pas moins équilibré et sans fausse note.

Les plus observateurs auront par ailleurs remarqué l’échelle tachymétrique blanche ton sur ton au-dessus du rehaut bleu. Sorte d’easter-egg, elle ne devient lisible que dans l’obscurité…

Bien sûr, certain reprocheront au boitier son aspect massif et anguleux. On ne va pas se mentir, il est loin d’être discret. En même temps, il n’a pas non plus été conçu pour se glisser sous le poignet d’une chemise… Malgré tout, il est défendu de dire qu’il est gros : 42mm, c’est même plus petit qu’une Omega Speedmaster ! En fait, s’il incarne à lui seul la volonté première de Bell&Ross, à savoir “réduire l’horloge de bord d’un jet à l’échelle d’un poignet”, il se révèle extrêmement confortable au porté.

L’épaulement du bracelet en caoutchouc au-delà des cornes renforce non seulement sa présence, mais garanti surtout un maintien à toute épreuve. Soulignons également que l’alternance des finitions brossées et polies donnent un joli relief à l’ensemble.

Jusque-là, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, force est de constater que cette A521 est assez proche du sans faute : les parti-pris sont autant assumés que parfaitement exécutés. Oui mais voilà, on a beau s’appeler Bruno Belamich, on n’est pas pour autant à l’abri d’un coup de mou ou d’une sortie de route ! Pour faire court : mais qu’est-ce que c’est que cette boucle ?! On ne le dira jamais assez : toutes les deux heures, la pause s’impose… Bon, pas de quoi en faire un drame me direz-vous mais même si je suis plutôt dans la team “ardillon” que “déployante”, il y avait certainement moyen de trouver une option un peu plus esthétique que celle-ci…

Bref, il n’en reste pas moins que les 500 exemplaires devraient faire des heureux sans qu’on se batte à coups de carapaces vertes ou rouges pour les obtenir !

PS : La prochaine fois, ça me dirait bien de faire un tour dans une rouge accompagné d’une Richard Mille… !

Dernière modification de l’article le 04/10/2023

Hippolyte

Une montre c’est comme un origami : On pense que c’est réussi du moment que la technique est au service de l’esthétique. Mais le plus important, c’est de raconter une histoire…