Ocarat x Spinnaker Piccard Corsaire Limited Edition : une vraie piraterie !

Comme le disait un vieil ami qui naviguait sur le Black Pearl, “Tous les trésors ne sont pas d’argent et d’or”. En 2024, Spinnaker et Ocarat ont décidé de prouver que le Capitaine Sparrow disait vrai avec leur nouvelle collaboration : la Piccard Corsaire SP-5148 Limited Edition, livrée dans son coffre au trésor.

Et ce n’est pas le seul lien existant entre le personnage fantasque joué par Jhonny Depp et ces montres hors du commun. Que ce soit ce vieux pirate alcoolique ou ces montres plus qu’imposantes, ils prennent de la place, ils sortent des sentiers battus, mais ils racontent aussi une histoire avec passion, et ils sont très certainement adorés par certains et détestés par d’autres. Découvrons cette montre pas comme les autres, et profitons-en pour revenir sur la différence entre un pirate et un corsaire.

Spinnaker Piccard : retour sur l’histoire et le concept

Chez Le Calibre, nous vous avons régulièrement parlé de Spinnaker, en article comme en vidéo. D’après nous, cette jeune marque britannique propose bien souvent des montres originales, travaillées, et au très bon rapport qualité/prix. Son nom fait référence à une voile de bateau et la grande majorité de leurs pièces sont en rapport avec le monde marin, que ce soit des montres de navigation, la montre d’une éponge qui porte un short, ou des plongeuses plus ou moins extrêmes, comme les monstres que l’on a entre les mains aujourd’hui.

La première Piccard, sortie en 2021, mesurait 47 mm de diamètre, 25 mm d’épaisseur et avait un entre-corne de 26 mm. L’équivalent d’une petite horloge de gare moderne. Nous avions déjà parlé de cette version et de sa “petite” soeur de 2022, mais pour celles et ceux qui ont besoin de se rafraîchir la mémoire, voilà d’où tout est parti :

Jacques Piccard, océanographe suisse, a marqué l’histoire en 1960 en atteignant le fond de la fosse des Mariannes, à une profondeur de 10 916 mètres, accompagné de Don Walsh, lieutenant de la marine américaine. À bord d’un bathyscaphe appelé “le Trieste”, leur objectif était d’explorer ces profondeurs extrêmes pour vérifier la possibilité de vie à une pression écrasante de 1 tonne par cm², soit 1 000 fois la pression atmosphérique. Oui, cela représente bien une pression de 1000 ATM. Même votre nouvelle Rolex DeepSea full Gold et sa résistance annoncée à 3 900 mètres ne peut pas être sauvée à cette profondeur. Mais lors de cette expédition historique, la marque à la couronne avait prévu le coup et avait produit une Rolex prototype, la Deep Sea Special, qui fut fixée à l’extérieur du bathyscaphe. Spécialement conçue pour résister à des pressions phénoménales, cette montre avait un boîtier hypertrophié de 62 x 42 mm, et son épaisseur était de 42 mm, avec un verre plus que massif. La Rolex Deep Sea Special a parfaitement accompli le voyage aller-retour sans subir de dommages, devenant ainsi la montre étant allée le plus profond du monde.

Alors, comment faire si cette partie de l’histoire nous touche tant que l’on veut en emporter une partie à la maison ? Pas de problème, les prototypes de la Deep Sea Special sont parfois en vente ! L’un d’entre eux a été vendu aux enchères à Genève pour un peu plus d’un million de francs suisses il y a quelques années. Pardon ? Et si on n’est pas multi-millionnaire ? Oh, eh bien, Spinnaker est là.

Esprit de la Spinnaker Piccard SP-5148 Corsaire Limited Edition

Comme on le sait, Ocarat aiment collaborer avec des marques de renommées différentes, à différents prix, et dans différents styles. On se rappelle notamment de leur collaboration avec Vulcain qui est, d’après moi, leur plus belle sortie de ces dernières années : la Cricket Nautical avec son incroyable cadran turquoise aux détails roses. Nous nous étions penchés plus en détails sur la version noire plus classique si cela vous intéresse. Le fruit de cette collaboration m’avait en tout cas absolument soufflé lors de la première édition du salon We Love Watches en 2023. D’ailleurs, est-ce que vous avez pris vos billets pour l’édition 2024 ? Le Calibre fait partie des partenaires et nous avons hâte de voir ce qu’ils nous réservent d’autant plus que cette Piccard Corsaire sera aussi de la partie ! Mais revenons un peu sur cet outil des profondeurs…

La Spinnaker Piccard se veut être une célébration de l’aventure extraordinaire de Jacques Piccard et Don Walsh, qui sont un peu l’équivalent de Neil Armstrong et Buzz Aldrin avec le pied marin. Tandis que la première Piccard était conçue pour une étanchéité jusqu’à 1 000 mètres et fabriquée en titane, celle de 2022 passait à l’acier, et à une étanchéité de 55 ATM “seulement”. Ces nouvelles spécifications permettent entre autres de diminuer les dimensions de la montre, le diamètre passe de 47 à 45 mm et l’épaiseeur passe de 25 à 21 mm. C’est donc sur une nouvelle version plus “raisonnable” qu’est basée cette édition limitée Corsaire. Attention, “raisonnable” est probablement parmi les adjectifs qui correspondent le moins à cette Piccard, mais c’est vrai, elle l’est un peu plus que sa grande sœur.

Mais d’ailleurs, connaissez-vous la différence entre un pirate et un corsaire ? En réalité, c’est assez simple : le pirate est un hors-la-loi qui agit comme bon lui semble ou sur les ordres d’un autre hors la loi, alors que le corsaire est mandaté par un gouvernement ou par une figure d’autorité reconnue. Il est donc lui aussi spécialiste du pillage et du meurtre à l’épée, mais de manière légale et dans les limites d’un conflit particulier. Les corsaires n’exercent qu’en temps de guerre, et en respectant les règles de la guerre, contrairement aux pirates qui sont actifs quand bon leur semble, qui choisissent eux-mêmes les règles qu’ils respectent, et qui sont poursuivis par la justice. Avec cette Piccard Corsaire SP-5148, nous sommes donc du côté des soldats marins reconnus et engagés, et non pas des scélérats sanguinaires ! Bonne nouvelle.

Design

Comme vous le voyez, nous avons eu la chance d’essayer les 2 versions, à savoir la noire et la bleue. Comme souvent, Spinnaker n’y va pas de main morte sur les détails en lien avec le storytelling autour de ses pièces. Sur ces montres de guerriers des mers, on retrouve tout d’abord un cadran texturé qui rappelle la mer, surtout sur la version bleue. Sur celui-ci, on découvre l’emblème de tous les pirates et corsaires d’Hollywood : le crâne affublé d’un tricorne, couvre-chef ultra-typique s’il en est, avec en arrière-plan des os qui forment une croix. Aux côtés de ce malchanceux, on découvre aussi une embarcation de corsaires, toutes voiles dehors, probablement prête à sillonner les océans à la recherche de malfaiteurs marins. Et si ce n’était pas assez pour vous plonger dans l’univers des navires en bois, des rats et des tonneaux de rhum, la trotteuse a pris la forme d’un sabre ensanglanté ! Cette reproduction d’arme courbée emblématique des abordages trône au centre du cadran et égraine les secondes qui passent, comme tant de blessures de guerre infligées par l’original.

Sur ce cadran, d’imposants index bâtons en applique se joignent aux grosses aiguilles bâtons, le tout recouvert de superluminova suisse évidemment, pour offrir une belle lisibilité, encore plus mise en avant sous ce verre à l’effet loupe hypnotisant. En périphérie de ce cadran chargé, vous trouverez de discrets index des minutes finement peints, puis un joli et imposant réhaut couleur acier avec des inscriptions reprenant le nom de la montre et son étanchéité.

Si vous êtes un peu observateur et que votre cache-oeil ne vous handicap pas trop en plein jour, vous aurez aussi remarqué que nous sommes en présence de montres “destro”, c’est-à-dire de montres pour gaucher, avec la couronne à 9 h et non à 3 h comme le veut la tradition. Esthétiquement, cela modifie l’équilibre de la montre, notamment parce que cela amène le guichet de date lui aussi à 9 h. Dans l’histoire des plongeuses, on retrouve des commandes spéciales de certaines armées pour des montres avec la couronne à 9 h, pour pouvoir être portées sur le poignet droit, souvent par des gauchers. Ici, Spinnaker et Ocarat rendent donc hommage à ces commandes basées sur des besoins techniques, et proposent une pièce aux caractéristiques encore plus hors-normes que prévu. Pour moi qui porte toujours mes montres à droite, c’est toujours une bonne surprise d’avoir le choix d’une Destro, et je trouve que cela attire l’œil et que cela intrigue, si ce n’était pas encore le cas ici, avec un diamètre de 47 et un verre plus épais que la couche de crasse de la cale d’un navire.

Sur le fond de boîte, on retrouve une nouvelle tête de mort et ses os en croix, joliment polis et en relief par rapport au fond grainé, qui sont tout simplement frappés à la presse hydraulique. Dans les autres détails, vous trouverez une belle couronne crantée logotée, de 9,5 millimètres de diamètre, autre exemple de l’attention aux détails des designers de la marque britannique.

Autre chose : nous parlions plus tôt de luminescence, eh bien prenez le temps de regarder en détail le pavillon du navire sur le cadran sous une lampe à UV pour découvrir une surprise… Mais avant de continuer, nous étions obligés de dire quelques mots sur cet écrin ! Une vraie montre de corsaire ne pouvait pas décemment être livrée dans une boîte normale, n’est-ce pas ?

Spinnaker et Ocarat ont donc poussé le délire du corsaire encore plus loin et ont construit un véritable petit coffre au trésor en bois rouge, avec une belle mousse protectrice qui permet de joliment mettre en avant la montre, sa carte de garantie, un petit outil de changement de bracelet et un bracelet cuir supplémentaire, dans le cas où  l’acier vous ennuierait. Les écrins de montres sont parfois montrés du doigt, notamment avec l’argument qu’il serait préférable d’opter pour une boîte classique et d’offrir un prix plus bas, mais pour une édition limitée “corsaire”, se voir livrer son propre petit coffre au trésor, ça fait quelque chose, non ? En-tout-cas, cela a marché sur moi.

Mais découvrons plutôt ce que cette Piccard Corsaire SP-5148 a dans le ventre, sans avoir besoin de lui sortir les tripes comme un pirate.

Spinnaker Piccard Corsaire Limited Edition : caractéristiques

En bonne plongeuse respectable, cette Piccard Corsaire a une lunette rotative unidirectionnelle au bel insert texturé qui permet de mesurer votre temps sous l’eau, mais aussi toute autre activité que vous voulez chronométrer, comme l’abordage d’un navire ennemi, le chargement d’un boulet de canon, le temps nécessaire au nettoyage de votre jambe de bois, le temps de sieste du perroquet sur votre épaule ou autres. Sur son flanc, les connaisseurs de plongeuses extrêmes auront aussi reconnu la fameuse valve à hélium, qui laisse s’échapper le surplus de pression accumulé dans le boîtier lors des phases de décompression en caisson hyperbare. Un gadget rarement utile ? Peut-être. Un effort de technicité et une occasion de lancer un sujet intéressant en société ? Assurément.

Vous l’aurez aussi remarqué, c’est surtout son verre saphir bombé à outrance qui lui donne cette silhouette et cette personnalité si particulières. Il participe certes à une étanchéité extrême, mais il apporte aussi et surtout un style hors du commun, qui raconte l’histoire de la conquête des fonds marins, et qui amène cette énergie sous-marine sur le devant de la scène. C’est lui aussi rendra compliqué le port d’une chemise classique au-dessus de votre Piccard, mais vous ne pensiez pas aller visiter les fonds marins en costume, si ?

Au cœur de la bête, c’est un Seiko NH35 qui bat, et qui donne vie à cette conteuse d’histoires avec une réserve de marche de 41 heures. On ne présente plus ce calibre japonais, robuste et efficace, qui a largement fait ses preuves et qui peut être révisé et réparé par votre horloger préféré sans problème. La précision du NH35 annoncée en sortie d’usine est de -20 / +40 secondes par jour, ce qui est loin du COSC, mais ce qui correspond parfaitement à une utilisation classique d’une montre automatique, qui n’est de toute manière pas destinée à devenir une “daily”.

Son bracelet de base est un trois maillons, lui aussi en acier inoxydable. Bonne nouvelle, ce serait dommage que votre plongeuse extrême ait des traces de rouille. L’entre-corne est de 22 millimètres et ce bracelet joliment brossé se marie parfaitement avec le boîtier. Il ajoute au rendu qualitatif et robuste de la pièce, pour un style de montre-outil très affirmé. Le tout pèse plus de 230 grammes sur bracelet ce acier, et vous êtes plus ou moins sûr de ne pas l’oublier à votre poignet.

Il s’agit d’une édition limitée à 75 exemplaires numérotés par couleur. En prime, Spinnaker nous offrent une garantie internationale de 2 ans, ce qui est rassurant pour des montres de cette gamme de prix avec des spécificités pareilles. La livraison est prévue pour octobre 2024.

Caractéristiques techniques

• Boîtier : acier brossé/poli
• Verre : Saphir bombé
• Diamètre : 45 mm
• Cornes à cornes : 52 mm
• Épaisseur : 21 mm
• Entre-corne : 22 mm
• Mouvement : Seiko NH35 (automatique japonais)
• Réserve de marche : 41 heures
• Étanchéité : 55 ATM
• Prix : 790€ 

Spinnaker Piccard Corsaire Limited Edition : mon avis

Encore une fois, Spinnaker semble vouloir prouver qu’il est possible de proposer des montres originales, accessibles, et en plus, qui font parler et qui racontent des histoires passionnantes. D’après moi, dans une collection de montres, il faut un peu de tout. Du mécanique, du quartz, de l’automatique, du petit diamètre, du plus imposant, de la montre de sport, de la dress watch, des grands noms, des micro-marques, et pourquoi pas un petit monstre aussi épais que 2 montres classiques l’une sur l’autre, plus étanche qu’une Sub et avec des têtes de mort partout ? Cette montre hors du commun vous transporte dans le monde de la découverte sous-marine, mais aussi dans le monde des corsaires aux alentours des années 1600, le tout pour environ 800 euros.

Comme on le sait, la passion pour les montres dépasse le simple aspect fonctionnel pour toucher à l’émotionnel et au narratif. Chaque montre raconte une histoire, qu’il s’agisse de l’héritage d’une marque, d’une collaboration unique, ou d’une aventure humaine exceptionnelle, comme celle de Jacques Piccard. Posséder une montre, c’est aussi porter une part de cette histoire à son poignet, et je trouve que la Piccard Corsaire réussit assez bien à capturer cet esprit. Elle se présente comme une invitation à l’exploration, à la découverte et à la célébration de l’histoire horlogère. Qu’il s’agisse d’une plongée en eaux profondes ou d’une réflexion sur l’évolution des montres à travers les décennies, chaque pièce raconte une histoire unique. Et c’est précisément cette richesse narrative qui fait de l’horlogerie une passion intemporelle.

Dernière modification de l’article le 24/09/2024